Les partisans de la réforme de l'immigration étaient en liesse hier à Washington. Des tribunes, ils scandaient «Yes we can !», car le Sénat avait approuvé le projet de loi sur l'immigration dans une proportion de 68-32. Il s'agit d'une victoire majeure, mais la partie n'est pas terminée, loin de là.

Electorado

L'électorat hispanique, celui que ni les républicains ni les démocrates n'ont avantage à se mettre à dos en bloquant la réforme de l'immigration. « Il y a un incitatif électoral clair «, analyse Guillaume Lavoie, spécialiste de la politique américaine. « Mitt Romney s'est fait laver à cause de ses positions radicales sur l'immigration. « Seulement 29 % des Hispaniques ont voté pour le candidat républicain et son parti a avantage à les courtiser - ils constituent 15 % de la population américaine, un nombre qui passera à 30 % en 2050.

Économie

Il n'y a pas que la bonne foi qui motive la réforme : l'octroi de la nationalité américaine aux 11 à 13 millions d'immigrants illégaux permettrait à l'État d'empocher beaucoup plus en taxes et impôts. Sans compter que la main-d'oeuvre illégale est légion dans les secteurs de l'agriculture, de la restauration, de la construction et de l'hôtellerie. « Ce n'est pas une affaire de gauche «, lance Guillaume Lavoie, qui estime que l'économie américaine « ne peut pas vivre « sans les sans-papiers.

Dépense

Celle à laquelle les élus n'ont pas regardé en acceptant le renforcement de la frontière avec le Mexique. Ce compromis doit ensuite permettre l'augmentation du nombre de visas de travail, l'octroi de papiers aux clandestins et l'accès à la nationalité après une période de 13 ans. Selon l'entente, les agents fédéraux à la frontière passeraient de 18 000 à 38 405 le long des 3200 kilomètres de celle-ci. Barrières, surveillance par drones, hélicoptères et autres détecteurs de mouvement sont notamment prévus, pour un total de 46 milliards en 10 ans.

Chambre

Elle est contrôlée par les républicains et elle travaille à sa propre version de la réforme. Séparation des pouvoirs oblige, la Chambre des représentants et le Sénat devront s'entendre sur une réforme, qui ne verra pas le jour autrement. « C'est difficile de prévoir l'issue du débat «, observe Guillaume Lavoie. « Mais si les républicains n'appuient pas la réforme, leur prochaine défaite électorale va leur faire comprendre leur erreur. Ils ne peuvent pas se couper de la principale minorité ethnique du pays. «