Le président américain Barack Obama a assuré ne pas avoir l'intention d'intercepter l'avion d'Edward Snowden, recherché par les États-Unis pour espionnage, si cet ex-consultant de la NSA devait quitter l'aéroport de Moscou où il se trouve depuis dimanche.

«Je ne vais pas envoyer des avions pour attraper un pirate informatique de 29 ans», a déclaré jeudi M. Obama, lors d'une visite à Dakar, en faisant une petite erreur sur l'âge de M. Snowden qui a eu 30 ans la semaine dernière.

Le président américain a également indiqué ne pas avoir appelé ses homologues chinois et russe à propos de M. Snowden, car il s'agit purement d'une affaire légale selon Washington.

M. Snowden semblait jeudi devoir s'installer pour plus longtemps que prévu dans la zone de transit de l'aéroport Cheremetievo de Moscou où il se trouve depuis son arrivée présumée dimanche selon les autorités russes.

«Snowden laisse partir un nouveau vol pour Cuba», a annoncé la télévision publique russe, après le départ jeudi d'un nouveau vol pour Cuba, alors que l'ex-consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine était censé prendre l'avion pour La Havane lundi.

Toujours invisible, Edward Snowden était censé partir à Cuba pour rejoindre ensuite l'Équateur à qui il a demandé l'asile politique, sur fond de rumeurs selon lesquelles Washington pourrait ordonner d'intercepter son avion lors du passage dans l'espace aérien américain.

Le prochain vol pour La Havane en provenance de Moscou n'est prévu que samedi, selon le site de l'aéroport. Snowden pourrait ainsi rester à Cheremetievo au moins jusqu'à la fin de la semaine.

Snowden, dont le passeport a été annulé par les États-Unis, «n'a pas de papiers valables. Pour cette raison, il ne peut aller ni à Cuba, ni où que ce soit», a affirmé jeudi une source proche du dossier, citée par l'agence publique Ria-Novosti.

Une affirmation contredite jeudi par la chaîne de télévision hispanique Univision, basée aux États-Unis, qui a publié sur son site la copie d'un document daté du 22 juin présenté comme un sauf-conduit émis par le consulat général de l'Équateur à Londres au nom de Snowden.

De son côté, l'Équateur a nié avoir fourni un laissez-passer quelconque au jeune Américain.

Le séjour dans la zone de transit de Cheremetievo est limité en théorie à 24 heures, mais une loi russe permet d'octroyer un visa de transit de dix jours, renouvelable, à toute personne n'étant pas en mesure de quitter la Russie en raison de «circonstances exceptionnelles», notamment une annulation de passeport, a indiqué jeudi le quotidien russe Védomosti, en citant des avocats.

Ainsi, «Edward Snowden peut rester à Cheremetievo autant que nécessaire, jusqu'à ce qu'on trouve pour lui un pays où il sera en sécurité», souligne le journal.

«Mais peu de pays dans le monde n'auront pas peur d'une confrontation avec les États-Unis», ajoute-t-il.

L'Équateur, qui avait accordé en 2012 l'asile au fondateur de Wikileaks Julian Assange, a pour l'heure maintenu le suspense sur la demande d'asile politique présentée par M. Snowden.

Le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patiño, a indiqué mercredi que l'examen de cette demande pourrait prendre un jour ou des mois, après que le département d'État américain a «envoyé un message» au gouvernement équatorien, dont la teneur n'a pas été révélée.

Les États-Unis ne cessent de réclamer l'arrestation et l'extradition d'Edward Snowden depuis qu'il est arrivé à Moscou dimanche en provenance de Hong Kong - selon la version officielle russe - et menacent la Russie et la Chine de répercussions dans leurs relations avec Washington.

L'informaticien américain, qui s'était réfugié à Hong Kong en mai avant de faire des révélations fracassantes sur l'espionnage par la NSA de communications téléphoniques et Internet aux États-Unis et à l'étranger, encourt 30 ans de prison dans son pays où il est inculpé d'«espionnage».

La Maison-Blanche a assuré mercredi que les responsables américains avaient des «discussions avec des responsables du gouvernement russe» sur Snowden et espéraient toujours qu'il serait expulsé vers les États-Unis.

Mais la Russie semble rester sourde aux appels de Washington. M. Snowden «a le droit de partir où il veut, dans n'importe quelle direction (...). Nous n'avons rien à lui reprocher du point de vue juridique», a déclaré mercredi le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov.

C'est «un homme libre. Plus vite il choisira sa destination finale, mieux ce sera, et pour nous et pour lui», avait affirmé pour sa part le président russe Vladimir Poutine, lors d'une visite en Finlande mardi.

«Livrer Snowden aux États-Unis, c'est admettre sa faiblesse», a déclaré à l'AFP l'analyste Alexeï Malachenko du centre Carnegie de Moscou.

«Nous avons des problèmes réels dans nos relations avec les États-Unis, et cette affaire Snowden ne va que faire monter la tension, alors que personne n'en a besoin. Mais je ne pense pas qu'il puisse être expulsé», a indiqué l'analyste.

«Les autorités russes vont recourir maintenant à toutes sortes de subterfuges pour régler ce problème et à la fin, il s'avérera que Snowden n'est jamais venu en Russie ou qu'il s'est perdu», a-t-il estimé.