La Cour suprême des États-Unis a accepté lundi d'étudier un litige portant sur l'interdiction faite aux militants anti-avortement de manifester près des cliniques pratiquant des interruptions volontaires de grossesse dans le Massachusetts.

La plus haute juridiction du pays refusait jusqu'ici de se saisir des plaintes qui lui sont soumises pour tenter d'obtenir le réexamen du droit à l'avortement, légal depuis 40 ans aux États-Unis mais que certains États remettent en question.

Après avoir refusé d'étudier notamment deux litiges en Indiana et au Colorado, la haute Cour a accepté de se pencher sur une loi du Massachusetts qui garde les manifestants anti-IVG à distance des cliniques pratiquant l'avortement.

Cette loi de 2007, validée en janvier par une cour d'appel de cet État, «rend passible de poursuites toute personne qui pénètre ou reste dans une zone de 10 mètres de l'entrée, la sortie ou l'allée privée d'une clinique gynécologique, à moins d'être un employé ou d'un agent de l'établissement... dans le cadre de ses fonctions».

Lors de sa prochaine session à l'automne, la haute Cour examinera la plainte de sept militants qui arguent des 1er et 14e amendements de la Constitution sur la liberté de manifester, de s'exprimer et l'égalité des droits.

«Simplement le fait que la Cour se saisisse de ce cas donnera du répit aux manifestants pro-vie qui subissent des restrictions draconiennes imposées récemment à San Francisco, Chicago et d'autres villes encore», a estimé dans un communiqué Dana Cody, directrice d'une association anti-avortement Life Legal Defense Foundation. «Nous sommes optimistes que la Cour non seulement invalidera la loi du Massachusetts mais réexaminera certaines de ses décisions précédentes», a-t-elle ajouté.

La haute Cour avait légalisé l'avortement à l'échelle nationale dans son arrêt du 22 Janvier 1973 «Roe VS. Wade».

Le 11 juin, elle a refusé d'entendre une plainte de l'organisation conservatrice Thomas More qui réclamait l'autorisation d'utiliser des photos crues de foetus lors des manifestations anti-avortement.

Deux militants anti-IVG avaient brandi de telles images le long du parcours d'une procession religieuse à Denver dans le Colorado. L'église St John in the Wilderness avait porté plainte, estimant que ces «images horribles» avaient été vues par des paroissiens, dont des enfants. Elle avait obtenu gain de cause devant une cour d'appel, une décision que la haute Cour a confirmée de fait en refusant de se saisir.

Le 28 mai, la haute Cour a rejeté un recours de l'Indiana qui refusait que des fonds gouvernementaux d'assurance-maladie aillent à des centres de santé gérés par le planning familial et pratiquant des IVG, et avait de fait validé ce financement.

Fin octobre 2012, la Cour suprême avait déjà retoqué un recours sur une réforme de l'Oklahoma (sud) qui voulait écrire dans la Constitution de l'État que l'embryon est une «personne», le protégeant ainsi de tout avortement.

Les neuf juges ont encore sur leur table deux recours de l'Oklahoma sur lesquels ils ne se sont pas prononcés: il s'agit de deux lois de l'État, l'une portant sur l'utilisation d'une pilule abortive (RU-486) et l'autre sur l'obligation pour une femme enceinte d'avoir une échographie avant de subir un avortement, toutes deux déclarées anticonstitutionnelles par la justice de cet État.