Le président Barack Obama va recadrer jeudi la stratégie antiterroriste des États-Unis en annonçant une plus grande «transparence» dans l'usage des drones et en insistant sur la nécessité de fermer la prison militaire de Guantanamo.

Dans un discours prévu à 14 h, M. Obama va expliquer comment il compte réagir aux «nouvelles menaces qui ont émergé en provenance de groupes affiliés à Al-Qaïda, de cellules extrémistes isolées et de terroristes» radicalisés sur le sol américain, comme les frères Tsarnaev, auteurs présumés des attentats de Boston en avril, a expliqué un responsable de la Maison Blanche.

Lors de son intervention à l'université de défense nationale de Washington, le président va aussi évoquer la «guerre secrète» des drones, alors que ces opérations menées clandestinement dans plusieurs pays tiers hors de zones de conflit par la centrale du renseignement (CIA), sont de plus en plus controversées.

Au nom de la «transparence», M. Obama parlera de «la politique et du raisonnement juridique expliquant comment les États-Unis agissent directement contre Al-Qaïda et ses associés, dont au moyen des frappes de drones», a expliqué le responsable sous couvert d'anonymat.

«Il dira pourquoi le recours aux drones est nécessaire, légal et juste, tout en répondant aux questions» suscitées par des opérations qui ont notamment provoqué de graves tensions avec le Pakistan.

Rien que dans ce pays, selon un bilan de l'Association britannique du journalisme d'enquête, les attaques de drones américains ont fait 3577 morts depuis 2004, dont 884 civils.

En prélude au discours présidentiel, l'administration américaine a révélé mercredi qu'elle était bien à l'origine de la mort de l'imam radical américano-yéménite Anwar Al-Aulaqi, tué en 2011 au Yémen dans une frappe d'avion sans pilote qui n'avait jusqu'alors jamais été reconnue par Washington.

Possible reprise des transferts à Guantanamo

Outre Aulaqi, accusé d'avoir été impliqué dans plusieurs attentats dont une tentative déjouée de justesse de faire sauter un avion de ligne américain fin 2009, le ministre de la Justice Eric Holder a indiqué dans une lettre au Congrès que trois autres Américains avaient été tués à l'étranger depuis 2009 dans le cadre des opérations antiterroristes.

Des groupes de défense des droits de l'homme affirment que de tels assassinats sont anticonstitutionnels, la loi fondamentale des États-Unis garantissant aux ressortissants américains le droit à bénéficier d'une procédure judiciaire.

Mais le ministère de la Justice a dit avoir élaboré un argumentaire encadrant de telles éliminations d'Américains à l'étranger.

«La grande question, c'est la transparence», relève Dixon Osburn, de l'organisation Human Rights First. «Il n'y a pas eu de description claire et nette du cadre juridique du programme d'assassinats ciblés».

Au moment où son administration est sur la défensive au Congrès au sujet de l'attentat de Benghazi (Libye) en 2012 et a provoqué la colère de médias après la révélation de la saisie de relevés téléphoniques de l'agence Associated Press, M. Obama va «parler de la façon dont nous parvenons à un équilibre entre la sécurité (...) et la protection des libertés», selon le responsable.

Guantanamo devrait également être mentionnée jeudi par M. Obama, qui a récemment promis de redoubler d'efforts pour obtenir la fermeture de cette prison militaire où 103 détenus sur 166 sont en grève de la faim, une vieille promesse de campagne qui a jusqu'ici été torpillée par le Congrès.

Le président «annoncera plusieurs mesures spécifiques pour progresser» vers une telle fermeture, selon le responsable.

Le Wall Street Journal a affirmé que M. Obama allait donner le signal d'une reprise des transferts de détenus vers des pays tiers, qui se sont ralentis au point qu'aucun n'a eu lieu en 2013. En particulier, le gel des transferts vers le Yémen devrait être annulé «dans les prochaines semaines», selon le quotidien.