L'ancien chef de l'administration fiscale américaine, en poste lorsque des employés ont indûment ciblé des groupes politiques conservateurs, s'est dit «consterné» mardi, affirmant ne pas avoir été impliqué dans cette affaire qui ébranle l'administration Obama.

Lors d'une audition au Sénat américain, Douglas Shulman, ancien dirigeant de l'Internal Revenue Service (IRS), a reconnu que le comportement des agents de son administration avait été «inexcusable», quatre jours après que la Chambre des représentants eut entendu son successeur par intérim, Steven Miller, limogé la semaine dernière.

«J'ai été consterné et attristé de lire les conclusions de (l'enquête interne de) l'inspecteur général», a expliqué M. Shulman, qui avait été nommé à son poste par l'ancien président républicain George W. Bush et l'a quitté en novembre 2012.

«Les actes mis en évidence dans ce report ont suscité, de façon justifiée, des questions sur la justesse de l'approche» de l'IRS, a-t-il reconnu en allusion au ciblage de groupes dont les noms comportaient les mots «patriote» ou «Tea Party», la mouvance d'ultra-droite adversaire jurée de l'administration du président démocrate Barack Obama.

Mais M. Shulman a aussi assuré qu'en juin 2011, date à laquelle ces opérations ont cessé, il n'était «pas au courant» de l'affaire.

Cette réponse a provoqué l'ire du chef de la commission des Finances du Sénat, le démocrate Max Baucus. «L'IRS a renoncé au discernement et perdu la confiance» des Américains, a-t-il lancé, tandis que son collègue républicain Orrin Hatch a promis: «d'une façon ou d'une autre, nous allons apprendre ce qui s'est passé».

Lundi, la Maison-Blanche a révélé que l'équipe rapprochée de Barack Obama était au courant fin avril du fait qu'une enquête avait été ouverte sur les agissements de fonctionnaires du fisc, mais que le président lui-même ne l'avait su que plus tard.

Jeudi dernier, M. Obama avait assuré qu'il ne savait rien de ces agissements avant que l'affaire ne soit révélée dans la presse.

Le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, lui a emboîté le pas mardi en assurant qu'il n'avait pas été informé de cette enquête interne lorsqu'il était secrétaire général de la MaisonBlanche en 2012.

«J'ai appris pour la première fois qu'il y avait une enquête en cours le 15 mars (dernier, ndlr) quand j'ai rencontré l'inspecteur général des services fiscaux», a indiqué M. Lew devant la commission bancaire du Sénat.

«Je ne peux pas dire combien ce comportement a été inacceptable. Le fisc doit être au-dessus de la politique», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, la responsable de la surveillance des associations à but non lucratif à l'IRS, Lois Lerner, a refusé de témoigner devant le Congrès, a annoncé la commission de la Chambre devant laquelle elle est censée comparaître mercredi.

Mme Lerner, qui avait révélé l'affaire, a l'intention de faire jouer son droit à ne pas témoigner contre elle-même, disposé par le cinquième amendement de la Constitution américaine, selon la commission de Contrôle des activités gouvernementales.

Mais le président républicain de cette commission, Darrell Issa, a exigé que Mme Lerner vienne en personne devant les élus pour leur signifier sa décision, selon un porte-parole.

Le fisc avait reconnu le 10 mai que des dizaines de groupes conservateurs réclamant un statut fiscal spécial avaient été sélectionnés pour un examen approfondi, alors que les groupes de gauche, beaucoup moins nombreux, ne semblent pas avoir fait l'objet du même ciblage.