La Maison-Blanche a publié mercredi 100 pages de courriers électroniques illustrant les délibérations au sein du gouvernement américain après l'attentat de Benghazi, en Libye, de septembre 2012, sujet qui lui vaut depuis des mois des critiques acérées des républicains.

Avec la diffusion de ces documents, auxquels l'AFP a eu accès, l'administration du président Barack Obama tente apparemment de prouver sa bonne foi alors que ses adversaires politiques l'ont accusée d'avoir essayé d'édulcorer dans ses «éléments de langage» le caractère «terroriste» de cet attentat qui avait coûté la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur.

La Maison-Blanche, en public, avait d'abord affirmé que l'attaque était la conséquence d'une manifestation de protestation contre un film anti-musulman qui avait dégénéré, avant de reconnaître plus tard qu'elle était le fait d'islamistes extrémistes et avait été préméditée.

Les courriels montrent l'évolution de ces «éléments de langage» fournis initialement par la centrale américaine du renseignement (CIA) et destinés à être utilisés dans leurs interventions publiques par des dirigeants de l'administration et des élus du Congrès.

Ils semblent montrer que la CIA, et non la Maison-Blanche ou les responsables du département d'État, ont décidé d'omettre de ces éléments des informations cruciales sur une possible implication d'extrémistes.

Ainsi, le directeur adjoint de la CIA, Michael Morell, a pris l'initiative de retirer des références à Al-Qaïda et des extrémistes basés en Libye de cet ensemble de points.

Les républicains soupçonnaient l'administration Obama d'avoir, en minimisant les liens entre cet attentat et al-Qaïda, essayé de ne pas handicaper les chances de réélection du président en novembre, alors que ce dernier avait développé pendant sa campagne l'argument selon lequel Al-Qaïda était en train d'être vaincu.

Ces documents, dont les premiers sont datés du 14 septembre, trois jours après l'attentat, montrent un long processus d'aller-retour entre le département d'État, la communauté du renseignement et la Maison Blanche, avec notamment une suppression de la référence à Al-Qaïda et à des alertes de sécurité préalables.

C'est au document final que l'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, s'était référé lors de ses interventions à la télévision le dimanche 16 septembre. Elle avait donc expliqué qu'il ne s'agissait «pas forcément (d')un attentat terroriste», mais résultait plutôt d'une «manifestation spontanée ayant dégénéré».

Attaquée par les républicains du Congrès qui l'avaient accusée d'avoir voulu tromper les Américains, Mme Rice avait finalement renoncé à briguer la succession de Hillary Clinton au département d'État en décembre.

M. Obama et son administration ont constamment défendu leur sincérité dans cette affaire. Lundi encore, le président avait accusé les républicains  de vouloir faire «diversion» et dénoncé des «motivations politiciennes».

Le président de la Chambre des représentants John Boehner, entre autres élus conservateurs, avait appelé la Maison-Blanche à publier les courriers électroniques en question.

Son porte-parole, Brendan Buck, a affirmé mercredi soir ne pas être satisfait, soulignant qu'un rapport de de la Chambre avait déterminé que «des hauts responsables du département d'État avaient réclamé que les éléments de langage soient modifiés pour éviter d'être vulnérables aux critiques».

«Ces conclusions sont confirmées par les courriers électroniques divulgués aujourd'hui, et ils contredisent les déclarations (...) de la Maison-Blanche», selon lui.

«Cette publication était attendue de longue date, et il y a toujours des documents que l'administration a refusé de présenter», a-t-il regretté, en espérant toutefois que la décision de l'administration mercredi «représent(ait) le signe d'une plus grande coopération à l'avenir».