Barack Obama a affirmé lundi qu'il serait «scandaleux» que l'IRS, l'administration américaine chargée des impôts, ait visé spécifiquement des groupes conservateurs comme le Tea Party, une affaire qui provoque la colère des républicains et s'ajoute à leurs critiques sur l'attaque en septembre du consulat de Benghazi, en Libye.

Les deux affaires sont les deux dossiers politiques les plus brûlants du moment et ont fait l'objet de la première question posée au président lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre britannique, David Cameron, à la Maison-Blanche.

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«Si des employés de l'IRS (Internal revenue service, NDLR) ont eu recours au genre de pratiques qui ont été rapportées et ciblaient à dessein des groupes conservateurs, alors c'est scandaleux», a déclaré M. Obama.

«Nous allons attendre de connaître tous les faits et les détails. Mais je n'ai aucune patience pour cela, je ne le tolérerai pas et nous ferons en sorte de comprendre exactement ce qu'il s'est passé», a-t-il promis.

Le fisc américain a annoncé vendredi, en s'excusant, que des fonctionnaires avaient sélectionné des groupes dont le nom comportait les mots Tea Party ou «patriote» pour un examen approfondi de leur demande de statut spécial.

Pour profiter d'un régime fiscal de non-imposition, comme les ONG ou les églises, les groupes dits «501(c)4» doivent avoir comme objectif l'intérêt général («social welfare») et ne peuvent pas être de nature politique.

Certains évoquant l'ancien président Richard Nixon, les républicains ont dénoncé une tentative du pouvoir d'intimider le mouvement politique le plus virulent à l'égard de M. Obama.

Enquêtes parlementaires

Mais même les démocrates ont fait part de leur choc. Des enquêtes parlementaires vont être lancées au Congrès, y compris au Sénat, contrôlé par les alliés de Barack Obama.

«Les actions des services fiscaux sont un abus de pouvoir scandaleux et une rupture de la confiance du public», a déclaré Max Baucus, président démocrate la commission des Finances du Sénat. «Les services fiscaux doivent se préparer à une enquête complète de la commission des Finances. Les services fiscaux vont désormais être ceux qui sont soumis à un examen complémentaire».

Le Tea Party est une mouvance informelle composée d'une myriade de groupes. Des dizaines d'entre eux se plaignaient depuis le printemps 2012 du caractère extrêmement poussé des questions du fisc.

Lundi, le président a aussi nié les accusations selon lesquelles son administration aurait essayé de cacher des informations à propos de l'attaque de Benghazi, le jour anniversaire des attentats du 11-Septembre, lors de laquelle l'ambassadeur en Libye, Christopher Stevens, et trois Américains furent tués.

M. Obama a accusé ses adversaires républicains de vouloir faire «diversion».

«Le lendemain de cette attaque, j'avais reconnu qu'il s'agissait d'un acte terroriste», a-t-il dit. «Le fait qu'on continue à en parler, franchement, a beaucoup à voir avec des motivations politiques».

Rapports et auditions à l'appui, les républicains de la Chambre des représentants estiment que le plus haut niveau du département d'État, alors dirigé par Hillary Clinton, possible prétendante à la Maison-Blanche en 2016, est responsable des failles de sécurité à Benghazi.

Des courriels révélés vendredi par la chaîne ABC semblent aussi indiquer que le département d'État et la Maison-Blanche sont intervenus, dans les jours suivant l'attentat islamiste, pour supprimer une référence à Al-Qaïda dans un document sur lequel devait s'appuyer Susan Rice, ambassadrice à l'ONU, pour rendre compte à la télévision des débuts de l'enquête.

Elle avait alors dit, en pleine campagne présidentielle, que l'attaque semblait avoir été spontanée et inspirée des manifestations autour de l'ambassade du Caire en réaction à une vidéo islamophobe diffusée sur YouTube, et que des éléments extrémistes s'étaient ensuite joints aux violences.