Le procureur américain Timothy McGinty a affirmé jeudi qu'il envisageait de requérir la peine de mort contre Ariel Castro, inculpé pour la séquestration et le viol de trois jeunes femmes pendant une dizaine d'années dans sa maison de Cleveland (Ohio).

«Le comté va requérir des charges pour chaque acte d'agression sexuelle et de tentative de meurtre, et pour chaque acte de meurtre aggravé qu'il a commis en interrompant des grossesses», a déclaré le procureur du comté de Cuyahoga, ajoutant qu'il allait aussi «chercher à requérir des accusations passibles de la peine de mort».

Menotté, les yeux rivés vers le sol, le chauffeur de bus au chômage de 52 ans avait comparu quelques heures plus tôt devant un tribunal de la ville, sans prononcer un mot. Vêtu d'une tenue de détention bleu foncé, il a soigneusement évité les regards et n'a manifesté aucune réaction à la lecture des chefs d'inculpation retenus contre lui.

Le tribunal a fixé une caution de deux millions de dollars pour chaque cas, soit huit millions au total, s'assurant ainsi de son maintien en détention.

Le procureur Bryan Murphy, qui a réclamé cette caution, a fait valoir «l'horrible calvaire» subi par les victimes.

«Deux des victimes ont supporté un horrible calvaire durant plus de dix ans, une troisième durant près d'une décennie, et ce supplice a fini par donner naissance à une petite fille dont on pense qu'elle est née d'une des captives», a-t-il dit, soulignant aussi les «coups répétés» reçus par les victimes et les «agressions sexuelles» dont elles ont été victimes.

Ces violences «dépassent l'entendement», a renchéri le procureur Timothy McGinty, qualifiant la maison du suspect de «chambre des tortures», alors que les médias divulguaient les détails du cauchemar des jeunes femmes, citant un rapport de police.

Coups dans le ventre

Michelle Knight, la seule des trois jeunes femmes encore hospitalisée jeudi, a raconté aux policiers qu'elle était tombée enceinte «au moins cinq fois» durant ses presque 12 ans de captivité, selon CBS News.

«Ariel Castro lui a fait perdre le bébé», selon le rapport de police qui fait référence au moins à une grossesse. «Il l'a affamée pendant au moins deux semaines et lui a donné des coups dans le ventre jusqu'à ce qu'elle fasse une fausse couche», selon CBS.

Leur tortionnaire a aussi acheté une petite piscine gonflable dans laquelle Amanda Berry a accouché le 25 décembre 2006, et a contraint Michelle Knight à l'aider lors de l'accouchement, menaçant de «la tuer si le bébé ne survivait pas».

Selon Kathleen DeMetz, avocate commise d'office du suspect, Ariel Castro devait être placé sous surveillance particulière pour éviter toute tentative de suicide.

Dans une lettre datant de 2004, retrouvée chez lui par la police, Ariel Castro affirmait être un «prédateur sexuel» et exprimait le désir de mettre fin à ses jours, ont rapporté des médias locaux.

«Je suis un prédateur sexuel. J'ai besoin d'aide», indique la note, où il raconte avoir enlevé deux victimes, et en chercher une troisième.

Lors de la brève audience de jeudi, les deux frères d'Ariel Castro, interpellés en même temps que lui mais contre lesquels aucune charge n'a été retenue dans cette affaire, ont été remis en liberté.

Ariel Castro avait été inculpé mercredi de viols et de quatre séquestrations: celles d'Amanda Berry et de sa fille de 6 ans Jocelyn, de Gina DeJesus et de Michelle Knight, libérées lundi soir grâce à l'aide d'un voisin.

La mère du suspect, Lillian Rodriguez, a déclaré aux médias locaux que son fils était «malade». «J'ai un fils malade qui a commis quelque chose de très grave. Je demande pardon aux mères» des trois jeunes femmes, a-t-elle dit.

Un ami d'Ariel Castro, Ricky Sanchez, a rapporté à l'AFP l'avoir vu jeudi dernier avec une fillette. «Quarante-cinq minutes après mon arrivée (dans la maison d'Ariel Castro, ndlr) jeudi dernier, j'ai vu cette petite fille venir vers moi depuis la cuisine. Dès que (Ariel) l'a vue marcher vers la porte, il s'est dirigé vers elle et l'a attrapée par la main, et me l'a présentée comme sa petite-fille».

«Ça m'a semblé étrange car j'avais vu ses enfants, ses petits-enfants et tout le monde sur Facebook», a-t-il ajouté.

Une veillée et une marche ont été organisées jeudi soir à Cleveland pour saluer le «courage incroyable» des jeunes femmes.

La grande-mère de Michelle Knight, Deborah Knight, présente à la veillée, a confié: «Si je pouvais lui parler et l'avoir près de moi, je l'embrasserais le plus fort possible et je lui dirais que je l'aime et qu'elle m'a manqué».