En novembre, les électeurs de New York, tout comme ceux de Montréal, pourraient avoir l'occasion d'élire un mordu de Twitter à la mairie de leur ville.

Bien sûr, Denis Coderre n'a rien publié de scandaleux sur le site de microblogage, contrairement à Anthony Weiner. Il y a deux ans, l'ancien représentant de New York a démissionné après avoir nié puis reconnu avoir envoyé à des jeunes femmes, par l'entremise de Twitter, des photos osées de lui, dont un gros plan de son slip gonflé.

Autrement dit, le député fédéral de Bourassa aurait de meilleures chances de gagner son pari électoral que le démocrate de New York. Mais celui-ci mène ces jours-ci une campagne de réhabilitation tous azimuts qui pourrait non seulement ouvrir la voie à sa candidature à la succession de Michael Bloomberg, mais également à sa rédemption. À moins que le tout ne mène à une humiliation encore plus grande.

«Une deuxième chance»

«D'une certaine façon, je veux dire [aux gens]: «Donnez-moi une deuxième chance»», a déclaré Anthony Weiner lors d'une entrevue au New York Times Magazine, dont la publication en ligne, le 10 avril, a marqué le début officiel de sa tentative de réhabilitation. Fait à souligner, il a répondu aux questions du magazine en compagnie de sa femme, Huma Abedin, proche collaboratrice d'Hillary Clinton.

Les deux forment un couple singulier. Âgé de 48 ans, Anthony Weiner a été élevé à Brooklyn au sein d'une famille juive de la classe moyenne. Fort en gueule, cet ancien conseiller municipal s'est fait connaître sur la scène nationale par ses interventions à l'emporte-pièce à la Chambre des représentants et ses affrontements avec les animateurs de Fox News. Il n'a jamais caché son ambition de devenir maire de New York.

Née il y a 36 ans au Michigan de parents musulmans, Huma Abedin a vécu plusieurs années en Arabie saoudite avant de rentrer aux États-Unis pour étudier à l'Université George-Washington. Élégante et sophistiquée, elle travaille depuis l'âge de 21 ans pour Hillary Clinton, lui ayant notamment servi de directrice de cabinet adjointe au département d'État. Elle était enceinte de son premier enfant lorsque le scandale impliquant son mari a éclaté.

«J'avais l'impression de ne pas pouvoir respirer», a-t-elle confié au New York Times Magazine en parlant de sa réaction aux aveux de son mari. Celui-ci a fini par avouer avoir envoyé des photos et des messages déplacés à six femmes au cours d'une période de trois années correspondant à la durée de sa relation avec sa femme.

Huma Abedin affirme qu'elle a pardonné à son mari, qui suit une thérapie depuis près de deux ans. Elle ne semble pas s'opposer à une candidature éventuelle de sa part, ne serait-ce que pour mettre un terme à l'isolement social dans lequel vit le couple.

Il n'y a pas de doute que la candidature d'Anthony Weiner changerait la donne dans la course à l'investiture démocrate pour l'élection à la mairie de New York. Selon un sondage publié le 16 avril, l'ancien représentant récolte 15% des intentions de vote et devance tous les candidats démocrates en lice - ils sont cinq au total -, sauf la favorite, Christine Quinn, présidente du Conseil municipal, qui récolte 26% des intentions de vote.

Ce sondage a sans doute encouragé Weiner à poursuivre sa campagne de réhabilitation. Au cours des derniers jours, il a présenté un plan en 64 points pour venir en aide aux New-Yorkais de la classe moyenne, ouvert un nouveau compte Twitter (@anthonyweiner) et accordé des entrevues aux chaînes de télévision locales.

Entre 20 et 100 tweets osés

Son parcours n'a pas été exempt de fautes. Deux intervieweurs persistants l'ont notamment forcé à avouer qu'il avait peut-être envoyé des photos ou des messages osés à plus de six femmes. À combien de plus? «Ce n'est pas 20 et ce n'est pas 100», a-t-il déclaré à l'un des intervieweurs.

Au lendemain de cette réponse évasive sur le nombre exact de femmes avec lesquelles il a eu des échanges de nature sexuelle par l'internet, le Daily News s'est cru autorisé à orner sa une avec un de ces jeux de mots dont les tabloïds de New York son friands: «Tip of the Weiner». Pointe du Weiner.

Il faut comprendre que le nom de famille d'Anthony Weiner n'aide pas sa cause. Il s'agit d'un paronyme de «wiener», qui ne signifie pas iceberg, mais saucisse ou pénis.

D'où cet autre jeu de mots publié à la une du New York Post au lendemain de la publication de l'article du New York Times Magazine sur le retour possible de l'ex-représentant en politique: «Weiner's Second Coming». Le titre peut référer à la fois à un retour et à un orgasme.

Anthony Weiner pourrait annoncer au cours des prochains jours sa décision sur une éventuelle candidature à la mairie. Disons que Denis Coderre est plus susceptible que lui de dévoiler la sienne sur Twitter.