Le FBI a rendu publiques mercredi des images de morceaux de métal provenant d'un autocuiseur qui aurait été utilisé pour le double attentat ayant endeuillé le marathon de Boston et pour lequel aucune revendication n'a été faite et aucune piste apparemment privilégiée.

Le président Barack Obama a dénoncé un acte terroriste «odieux et lâche» après l'attentat qui a fait trois morts lundi, dont un garçon de huit ans, et plus de 180 blessés, certains grièvement.

Le FBI a publié des photos de morceaux de métal ainsi que d'un sac à dos noir déchiqueté dans lequel, selon le FBI, l'une des deux bombes, bourrée de clous, de roulements à billes et de billes de métal, avait été cachée.

Alors qu'aucune revendication n'avait été émise et que la police ne privilégiait apparemment à ce stade ni une piste américaine ni une piste étrangère, plusieurs cérémonies chargées d'émotion en hommage aux victimes se sont tenues tard mardi à Boston.

Dans un pays traumatisé, dont les télévisions repassaient les images des victimes ensanglantées, Barack Obama a annoncé qu'il se rendrait jeudi dans la capitale du Massachusetts pour une cérémonie religieuse oecuménique.

«À ce stade, il n'y a pas de revendication», avait déclaré lors d'une conférence de presse mardi en fin d'après-midi le responsable local du FBI Rick DesLauriers. «L'éventail des suspects et des motivations possibles reste largement ouvert».

Le travail des enquêteurs s'annonçait colossal. Sur les lieux de l'attentat, ils ont retrouvé «des morceaux de nylon noir qui pourraient avoir été un sac à dos et des fragments de plomb et clous, peut-être contenus dans un autocuiseur», avait-il précisé.

Il a ajouté que ce type d'engins explosifs peu sophistiqués était souvent utilisés dans des attentats en Irak ou en Afghanistan.

De nombreux débris étaient toujours collectés par la police sur les lieux du double attentat et envoyés pour analyse au laboratoire du FBI à Quantico, en Virginie.

«Il va falloir plusieurs jours pour (recueillir toutes les données) sur les lieux», a déclaré Gene Marquez, responsable du Bureau de l'alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs de Boston.

Les enquêteurs ont commencé à étudier le contenu de toutes les caméras de surveillance, de tous les débris laissés par les bombes. Et ils ont demandé aux Bostoniens de leur transmettre «toute photo ou vidéo» qui pourrait aider l'enquête qui mobilise désormais, selon le FBI, plus de 1000 personnes.

«Il s'agira d'une enquête mondiale. Nous irons jusqu'au bout du monde pour identifier l'auteur ou les auteurs de ce crime ignoble» a déclaré M. DesLauriers.

Boston traumatisée, mais confortée par la générosité de multiples gestes d'entraide, a rendu mardi soir un hommage aux victimes, à l'occasion de différentes veillées.

L'une d'elles était consacrée à la plus jeune des victimes, un petit Bostonien de 8 ans, Martin Richard, tué peu après avoir embrassé son père sur la ligne d'arrivée du marathon. Sa petite soeur, 6 ans, a perdu une jambe et pourrait subir une amputation de la deuxième, selon les médias américains.

«Pensées et prières»

«Nous remercions ceux que nous connaissons et ceux que nous n'avons jamais rencontrés, pour leurs pensées et leurs prières», a indiqué son père, Bill Richard, réclamant le respect de l'intimité de sa famille.

Plus de 1000 personnes se sont recueillies à la lumière de bougies, dans un parc proche de la maison du petit garçon. En ville, près de 700 personnes se sont massées aussi dans l'église d'Arlington Street, non loin de l'endroit où s'est produit l'attentat.

Outre Martin Richard, une gérante de restaurant de 29 ans, Krystle Campbell, et une étudiante chinoise de l'Université de Boston font partie des victimes.

Plus de 180 personnes ont été blessées, certaines grièvement, par l'explosion à 12 secondes d'intervalle de deux bombes, non loin de la ligne d'arrivée du célèbre marathon, couru par 23 000 personnes.

Les explosions ont provoqué panique et chaos au centre-ville, où étaient rassemblées des dizaines de milliers de personnes pour ce grand rendez-vous annuel.

Les médecins ont fait état de profondes blessures, en raison des clous et fragments ajoutés aux bombes pour multiplier leur impact. Une dizaine de blessés ont dû être amputés.

Les attentats de Boston sont les plus graves commis aux États-Unis depuis ceux du 11 septembre 2001, et s'exprimant depuis la Maison-Blanche pour la deuxième fois en moins de 24 heures, le président Obama a dénoncé un «acte terroriste (...) odieux et lâche».

«Nous ne savons pas encore (...) qui a commis cet attentat ou pourquoi, s'il a été planifié et exécuté par une organisation terroriste, étrangère ou américaine, ou si c'était l'acte d'un individu», a-t-il déclaré.

Militants hostiles au gouvernement ou djihadistes?

Les attentats ont-ils été commis par des militants hostiles au gouvernement fédéral pour lesquels le mois d'avril est un mois lourd de symboles? Par des djihadistes islamistes?

«Nous devons évidemment envisager que ce soit le djihad islamiste», a commenté Peter King, élu de New York, spécialiste des affaires de sécurité intérieure. «Mais cela peut aussi être des suprémacistes blancs. Cela peut être des gens opposés au gouvernement» fédéral.

Lundi était la journée des «patriotes», qui marque la première bataille de la guerre d'indépendance, un jour férié dans le Massachusetts.

Le 15 avril est la date limite pour déclarer ses impôts, obligation haïe par ceux qui détestent le gouvernement fédéral.

Le 19 est la date anniversaire de la fin du siège d'une secte à Waco (Texas, 76 morts en 1993), après l'intervention des forces de l'ordre. Et c'est aussi le 19 avril qu'avait eu lieu l'attentat d'Oklahoma City (168 morts) en 1995, perpétré par Timothy McVeigh, un sympathisant d'extrême droite depuis exécuté, qui était hostile au gouvernement fédéral et qui voulait ainsi venger Waco.