Vigilants, mais sereins, les New-Yorkais voyaient sans étonnement leur ville faire l'objet de mesures de sécurité accrues après les attentats de Boston, qui ont pour certains ravivé le souvenir toujours douloureux des attentats du 11-Septembre.

«C'est ça la vie après le 11-Septembre», soupire Peter, un homme d'affaires, avant de s'engouffrer dans l'une des tours de Times Square, au centre de la métropole américaine.

Comme lui, beaucoup ont remarqué les voitures de police garées à presque chaque recoin de ce lieu très fréquenté de New York, qui avait été visé en mai 2010 par un attentat raté à la voiture piégée.

«On se rend bien compte que la police est plus présente, mais on est conditionnés», résume-t-il.

Comme New York, plusieurs villes des États-Unis, dont Washington et San Francisco, ont renforcé leurs mesures de sécurité.

«Il n'y a pas de menaces spécifiques contre New York», a tenté de rassurer mardi le chef de la police de New York Ray Kelly, au cours d'une allocution.

Mais «après l'épreuve terrible vécue par Boston, nous nous sommes préparés comme si les événements d'hier étaient un prélude à une attaque ici, à New York, comme nous le faisons systématiquement depuis le 11-Septembre», a-t-il précisé.

Au total, quelque 1000 membres de la police new-yorkais ont été dépêchés dans «les lieux les plus fréquentés et les infrastructures les plus importantes, dont les métros» dans un effort de lutte contre le terrorisme, a annoncé de son côté Michael Bloomberg.

Outre ce personnel, et «fort des investissements que nous avons réalisés dans les infrastructures contre le terrorisme», «l'intégralité de la police new-yorkaise est mobilisée pour protéger la ville», a-t-il insisté.

À la gare de Penn station, les sacs étaient fouillés, et dans le métro, de la gare Grand Central à Times Square, la police semblait omniprésente, suscitant quelques frayeurs parmi les voyageurs.

Pour Kevin, qui travaille dans la maintenance pour l'autorité des métros new-yorkais, la MTA, «on ne lit pas vraiment de peur dans le regard des gens, mais on les sent plus alertes». Pour sa part, il regarde «partout autour» de lui, «particulièrement sur le sol pour voir s'il n'y a pas de sacs abandonnés.

«Ne pas rentrer dans ce jeu-là»

À l'air frais, sur la place de Times Square relativement calme à la mi-journée, des touristes déambulent, s'embrassent, rient et se prennent en photo, apparemment peu perturbés par les attaques survenues la veille à quelques centaines de kilomètres de là.

«Il ne faut pas rentrer dans ce jeu-là», explique Olivier Petit, un Français en visite à New York pour une semaine avec son fils.

Au milieu des voitures de police et des taxis jaunes, quelques attroupements se font devant les kiosques à journaux, où s'affichent des images d'horreur et de sang montrant des victimes des attentats.

Élégant, coiffé d'un chapeau de feutre, Lucas Ferrara, un avocat qui travaillait en septembre 2011 à un immeuble des tours jumelles, fend la petite foule d'un air assuré.

«J'aurais pu prendre le métro aujourd'hui, mais j'ai voulu marcher jusqu'à mon bureau, sur la 34e rue», à près de quarante rues de chez lui. «Je refuse d'abidquer face aux terroristes».

Derrière lui, des bandeaux électroniques affichent en grosses lettres rouges le dernier bilan des attentats de Boston «3 morts», à deux pas des camions de télévision.

«Honnêtement. On a beaucoup de peine pour Boston mais, depuis le 11-Septembre, on sent que New York est mieux préparé qu'ailleurs, que nous disposons d'un dispositif de sécurité extrême», se rassure Raymond Henderson, 19 ans, tout en distribuant des prospectus.

La seule chose qui le chagrine vraiment, dit-il, «est cette sensation que vraiment beaucoup de gens sont contre l'Amérique», même si l'identité et l'origine des auteurs des attentats qui ont fait trois morts et 176 blessés restent encore inconnues.