Les 11 millions de sans-papiers vivant aux États-Unis pourront demander une régularisation permanente au bout de dix ans si la réforme de l'immigration actuellement négociée par un groupe de sénateurs américains est mise en place, a annoncé dimanche l'un d'eux.

Le projet de réforme, qui devrait être officiellement dévoilé en début de semaine après des mois de négociations en coulisse entre huit sénateurs démocrates et républicains, prévoit plusieurs étapes étalées sur plus d'une décennie.

«Tout le monde aura l'opportunité de faire une demande de statut légal, qui ne sera pas donné dès le premier jour», a expliqué Marco Rubio, le républicain le plus impliqué dans les discussions, sur la chaîne ABC.

Avec cette demande, les clandestins obtiendraient un permis temporaire qui les autoriserait à travailler et voyager sans risque d'expulsion.

«Il faudra payer des frais pour faire la demande, payer une amende (...), prouver que vous n'êtes pas une charge pour l'État, et vous n'aurez pas le droit aux allocations fédérales», a indiqué l'élu d'origine cubaine.

«Au bout de dix ans, la seule chose que vous obtiendrez, à condition que la frontière soit sécurisée et qu'un système de vérification pour les employeurs et de contrôle des entrées et sorties de visas soit en place, la seule chose que vous obtiendrez est la possibilité de faire une demande de "carte verte" comme tout le monde», a expliqué le sénateur, employant le terme donné aux permis de séjour permanents.

Toutes les entreprises du pays devront utiliser un système informatique fédéral pour vérifier que leurs employés ont le droit de travailler.

«Vous ne pourrez pas trouver de travail aux États-Unis si vous n'êtes pas ici de façon légale», a-t-il affirmé en cherchant à donner des gages aux conservateurs inquiets par la création éventuelle d'un appel d'air.

Le gouvernement devra mettre en place un système pour identifier les personnes qui resteraient dans le pays au-delà de la date limite de leurs visas.

«40% de nos immigrés illégaux sont des gens qui sont entrés légalement et sont restés», a rappelé Marco Rubio.

La réforme, priorité du second mandat du président Barack Obama, pourrait prendre des mois à être votée, d'abord au Sénat puis à la Chambre des représentants. Mais pour la première fois depuis un quart de siècle, un consensus semble émerger entre républicains et démocrates.

Le plan porté par Marco Rubio est toutefois déjà critiqué par certains conservateurs de son parti qui souhaitent éviter le scénario de 1986, dernière grande réforme votée sous la présidence de Ronald Reagan. Près de trois millions de clandestins avaient alors été régularisés, mais, malgré les promesses, la courbe de l'immigration irrégulière ne s'est jamais inversée.

«Nous aurons les mesures de sécurité les plus sévères de l'histoire de ce pays», a-t-il promis, en précisant que 100% de la frontière avec le Mexique devra être surveillée avant toute régularisation permanente. «Ce n'est pas une amnistie», a-t-il insisté sur la chaîne Fox News.

La nouvelle voie de régularisation sera «plus longue, plus chère et plus compliquée. Cela leur coûterait moins cher de retourner dans leur pays, d'attendre dix ans et de faire leur demande de carte verte» depuis là-bas, a estimé l'élu.