Armer du personnel dans les écoles reste un «plus» pour la sécurité des élèves, a réaffirmé mardi le puissant lobby américain NRA, qui paraît gagner la bataille des armes alors que s'estompe, au moins devant le Congrès, l'émotion suscitée par le massacre de Newtown.

La «présence d'un agent de sécurité armé dans une école, ajoute une couche supplémentaire» à la sécurité des établissements scolaires, «c'est un plus», a déclaré devant la presse à Washington Asa Hutchinson, responsable d'un programme baptisé National School Shield (Bouclier national pour l'école).

Ce «Bouclier», destiné à étudier les mesures pour accroître la sécurité à l'école, avait été la réponse lancée, et financée, par la National Rifle Association, quelques jours après une fusillade à Newtown dans le Connecticut, où 20 écoliers ont été tués.

«La seule façon de stopper un méchant avec une arme est de lui opposer quelqu'un de bien avec une arme», avait alors estimé le vice-président exécutif de l'association, Wayne Lapierre, peu après la tuerie.

Le rapport de 225 pages présenté mardi s'articule autour de huit recommandations, allant d'aspects techniques sur les clôtures des écoles à la mise en place d'un programme d'entraînement, de 40 à 60 heures, pour tout personnel volontaire et tout établissement souhaitant poster des gardes armés.

Il s'adresse également aux élus des États pour qu'ils légalisent la présence de personnel armé dans les écoles ainsi qu'au gouvernement fédéral pour une meilleure coordination des agences responsables.

La «décision est du ressort de chaque école», a poursuivi M. Hutchinson, ancien élu républicain, répétant que la présence de gardes armés «faisait la différence».

Bataille «plus équilibrée»

La NRA, puissant lobby qui s'arc-boute sur le droit constitutionnel de tout Américain à être armé, avait été dans la collimateur de l'opinion, bouleversée après le drame de l'école Sandy Hook.

Depuis, les projets de lois déposés s'enlisent au Congrès à tel point que le président Barack Obama vient de conjurer les Américains de ne pas oublier Newtown, afin de faire pression sur les élus.

L'interdiction de la fabrication et vente de nouveaux fusils d'assaut, comme celui utilisé par le meurtrier des enfants, devrait ainsi échouer, de l'aveu même des démocrates.

Reste la généralisation des vérifications d'identité et des antécédents judiciaires et psychiatriques pour chaque achat d'armes.

Mais l'émotion s'est atténuée. Une série de sondages montre que le soutien à une réglementation plus stricte, provoqué par l'émotion, revient à ses paliers d'avant Newtown.

En pied de nez à Washington, Nelson, une petite ville de Géorgie, a même voté mardi soir une loi demandant à chaque foyer «d'entretenir une arme à feu avec ses munitions».

«Le gouvernement veut nous prendre autant qu'il peut», a accusé à la télévision locale WXIA Edith Portillo, conseillère municipale.

Dans le Connecticut, théâtre de la tragédie, les élus viennent néanmoins de se mettre d'accord pour voter des lois considérées comme les plus restrictives de tout le pays.

Avec «la résurgence d'un débat sur le contrôle des armes, il est important de voir que la NRA n'a jamais eu, depuis longtemps, à faire face à autant d'opposition», explique à l'AFP le professeur de droit Adam Winkler, de l'université UCLA.

«Pendant des années, elle était seule à parler en faveur des armes» et ses opposants étaient impuissants et sans ressources, selon lui. Aujourd'hui, ils ont à leurs côtés le riche maire de New York Michael Bloomberg et «la bataille pourrait être à l'avenir plus équilibrée», estime-t-il.