Des conservateurs américains en ont la conviction: l'État fédéral, emmené par Barack Obama et les démocrates, est déterminé à ronger les libertés individuelles dans les domaines de la religion, des choix de consommation, des armes et de l'économie.

Les milliers de participants de la conférence annuelle des conservateurs, la Conservative Political Action Conference (CPAC), près de Washington, ont des priorités diverses: des étudiants défenseurs des libertés individuelles aux organisations chrétiennes antiavortement et antimariage gai.

Pour certains d'entre eux, le président Obama est marxiste et le journaliste Cliff Kincaid en a la preuve. Pour l'auteur Eric Metaxas, la liberté religieuse est menacée. Ou encore, l'État américain endoctrine les familles dès le plus jeune âge, selon la blogueuse Kate Obenshain.

Dans son petit stand «survie de l'Amérique», M. Kincaid, 58 ans, vend ses ouvrages et distribue des brochures. Sa théorie est que M. Obama a été élevé par un communiste, faisant de lui le premier président marxiste.

«Il utilise une rhétorique de lutte des classes marxiste pour diviser les Américains (...). Les libertés n'ont pas encore complètement disparu, mais il a soutenu des groupes extrémistes comme les Frères musulmans», assure-t-il.

Si M. Kincaid se situe à la marge du mouvement, il est difficile dans les allées de la CPAC de ne pas tomber sur un tract, une affiche, un T-shirt avertissant du déclin des États-Unis. Le film L'Amérique en danger est projeté dans une salle. Un groupe distribue Le guide de survie sous Obama pour aider les conservateurs à «survivre et prospérer pendant Obamageddon».

Une vidéo de deux minutes produite par les «Tea Party Patriots» est projetée plusieurs fois par jour. Elle imagine l'arrivée au pouvoir d'un «parti du développement» qui contrôlerait le peuple en restreignant les libertés, mais en fournissant aux gens les biens dont ils ont besoin.

Sur scène, entre les discours de personnalités républicaines comme Mitt Romney ou les élus Marco Rubio et Paul Ryan, les militants conservateurs décrivent avec urgence la disparition graduelle des libertés.

«Culture de dépendance» à l'État

«Allez-vous vous lever et oser vous battre?» lance la présidente des «Tea Party Patriots», Jenny Beth Martin, sous les ovations des participants. «Vous battre pour la liberté? Vous battre pour la Constitution?»

Elle est suivie par une discussion sur la liberté religieuse. L'auteur Eric Metaxas prévient que l'imposition du mariage entre personnes de même sexe menace la liberté des églises.

«Si on ne prend pas cela très sérieusement, et qu'on ne le fait pas très vite, il sera bientôt trop tard et on ne pourra plus rien faire», avertit-il.

Par provocation contre un État qui réglemente trop, un autre débat est intitulé «Comment j'ai appris à arrêter de m'inquiéter et à aimer les bouteilles d'eau en plastique, la fracturation hydraulique, les OGM et les sodas de grande taille».

Les minorités (noirs, hispaniques, pauvres) font l'objet d'une attention particulière, car elles votent très majoritairement pour les démocrates. Selon Crystal Wright, qui se décrit comme une «nana noire conservatrice», le but des démocrates est de créer une «culture de dépendance».

«L'État ne peut pas remplacer un père et une mère dans une maison, mais on leur a fait croire que c'était possible», dit-elle.

«Le but d'Obama est de nous faire taire, d'empêcher tout le monde de nous écouter pour qu'il puisse imposer son programme radical», ajoute la blogueuse Kate Obenshain, qui intervient dans des médias conservateurs.

Et d'ajouter, en liant l'égalité hommes femmes au débat sur les armes: «Ils veulent nous ôter le droit de devenir les égales des hommes en nous ôtant le droit de détenir des armes, et en particulier des armes semi-automatiques, dont franchement, j'ai vraiment besoin!».