Après des semaines de débats empoisonnés, Chuck Hagel a été confirmé mardi par le Sénat américain comme le nouveau secrétaire à la Défense de Barack Obama, les républicains ayant mis fin à une obstruction historique.

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Les sénateurs ont voté à 58 voix contre 41 en faveur de Chuck Hagel, 66 ans. Il pourrait prendre ses fonctions dès mercredi en remplacement de Leon Panetta, et devra gérer immédiatement les importantes coupes budgétaires que la défense doit subir à partir de vendredi.

De nombreux républicains qui étaient partis en guerre contre Chuck Hagel, dont John McCain, avaient voté plus tôt mardi en sa faveur lors d'un vote de procédure pour débloquer le processus de nomination, conscients qu'ils ne pouvaient plus continuer à empêcher Barack Obama de former son gouvernement.

Mais la bataille autour de Chuck Hagel contraste avec la nomination rapide au département d'État de John Kerry, confirmé fin janvier à la quasi-unanimité, par 94 voix contre 3.

Sénateur républicain de 1997 à 2009, Chuck Hagel a avec les années perdu l'amitié de ses anciens collègues en prenant des positions distinctes de l'orthodoxie républicaine sur des dossiers de politique étrangère. Sa sélection par le président a déclenché une tempête au Capitole.

M. Obama a salué cette confirmation, qu'il a qualifiée de «soutenue par les deux partis», et affirmé dans un communiqué qu'avec M. Hagel, «nous aurons le secrétaire à la Défense dont notre pays a besoin et le chef que nos soldats méritent».

M. Hagel s'était vu reprocher des déclarations passées sur l'influence du «lobby juif» à Washington et sur l'opportunité de renforcer les sanctions contre l'Iran. Il s'était aussi opposé à George W. Bush et à son parti sur la guerre en Irak, ce qui lui a valu un échange acrimonieux avec John McCain lors de son audition parlementaire.

Chuck Hagel s'est excusé d'avoir parlé de «lobby juif» mais n'a pas réussi à convaincre certains de ses anciens collègues qu'il serait assez ferme pour empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire, malgré le soutien unanime des démocrates.

«Nous ne devrions pas confirmer un secrétaire à la Défense qui n'est de façon évidente pas qualifié pour le poste, et dont les opinions sont dangereusement erronées sur certains des dossiers de sécurité nationale les plus importants», déclarait mardi John Cornyn, un républicain.

Le gouvernement «Obama II» loin d'être complet

Seul un autre nouveau ministre du gouvernement «Obama II» a été confirmé par le Sénat à ce jour, John Kerry. Outre la Défense, cinq des 15 portefeuilles ministériels attendent leur nouveau patron, dont le Trésor, l'Intérieur et le Travail.

Jack Lew, choisi pour le Trésor, a reçu mardi l'aval de la commission des Finances du Sénat et sa confirmation en séance plénière devrait intervenir cette semaine.

Ex bras droit de M. Obama et spécialiste du budget, M. Lew a activement participé en 2011 aux négociations budgétaires entre la Maison-Blanche et le Congrès. Celles-ci ont abouti à la mise en place des coupes automatiques qui doivent entrer en vigueur à partir de vendredi.

Ces réductions forcées, qualifiées de «stupides» par de nombreux élus, doivent affecter tous les ministères et des centaines de milliers de fonctionnaires, à moins d'un accord de remplacement entre démocrates et républicains au Congrès.

Le président attend aussi l'arrivée d'un homme crucial de son dispositif, John Brennan, à la tête de la CIA. La centrale de renseignement n'a plus de directeur depuis la démission fracassante de David Petraeus, en novembre, après la révélation d'une liaison adultère. Un premier vote en commission devrait avoir lieu jeudi, selon Dianne Feinstein, la présidente de la commission du Renseignement.