Les derniers instants de la vie de Max Shatto vont comme suit: dans l'après-midi du 21 janvier, le garçon de 3 ans jouait sur le terrain de sa maison, au Texas, avec son jeune frère. Il s'est retrouvé au sol, victime d'un arrêt cardiaque. Sa mère adoptive a composé le 9-1-1. Une heure plus tard, Max Shatto s'est éteint sur un lit d'hôpital.

La mort du garçon de Gardendale, dans l'ouest du Texas, a provoqué une onde de choc en Russie, d'où il est originaire. Max Shatto, né Maxim Kuzmin, avait été adopté par Alan et Laura Shatto, un couple d'Américains.

«Une mère adoptive a tué un garçon russe dans l'État du Texas, a déclaré lundi le responsable des droits de l'homme du gouvernement russe, Pavel Astakhov. Le meurtre est survenu à la fin du mois de janvier. L'enfant est mort avant l'arrivée de l'ambulance appelée par sa mère. Selon un rapport du coroner, l'enfant avait des blessures.»

Un comité d'enquête du gouvernement russe a affirmé que le garçon a été «victime de sévices».

La police du comté d'Ector, au Texas, a ouvert une enquête sur la mort du jeune garçon. Le gouvernement du Texas a aussi ouvert une enquête sur les allégations de sévices, histoire de déterminer si le frère de la victime, Kirill Shatto, peut continuer à habiter avec ses parents adoptifs.

L'adoption d'enfants russes est courante aux États-Unis. Quelque 60 000 enfants russes ont été adoptés par des familles américaines au cours des deux dernières décennies. De ce nombre, 19 ont perdu la vie dans des circonstances jugées suspectes.

Parallèlement, il y a eu 1220 morts suspectes parmi les 170 000 enfants russes adoptés par des familles en Russie depuis 20 ans, selon le ministère de l'Éducation de Russie.

Or, depuis le 1er janvier, la Russie interdit désormais aux Américains d'adopter des enfants russes, une décision controversée qui a provoqué des manifestations dans les rues de Moscou et de Saint-Pétersberg.

L'interdiction a été ratifiée par Vladimir Poutine quelques semaines après que Washington eut imposé des sanctions contre plusieurs officiels Russes accusés d'enfreintes graves aux droits de l'homme.

À Washington, la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland, a dit en point de presse, hier, qu'il incombait aux autorités texanes de faire la lumière sur les circonstances de la mort de l'enfant.

«La mort de cet enfant est une terrible tragédie. Mais personne, où qu'ils soient dans le monde, ne devrait tirer des conclusions hâtives. Il faut laisser les policiers faire leur travail.»

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Tensions entre Moscou et Washington

Les relations entre la Russie et les États-Unis se sont refroidies à la fin de 2012, quand le président Obama a ratifié la loi Magnitsky, qui impose des sanctions économiques à plusieurs officiels russes accusés d'avoir bafoué des droits de l'homme.

La loi a été nommée en mémoire du comptable russe Sergei Magnitsky, mort en 2009 dans une prison de Moscou après avoir fait enquête sur des cas de fraude perpétrés par des officiels du gouvernement.

Autre signe de refroidissement: plus tôt ce mois-ci, le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergei Lavrov, a mis plus d'une semaine avant de rappeler le nouveau secrétaire d'État américain, John Kerry.