Avant même de répondre à la première question de son audition comme chef de la CIA, John Brennan a pu constater la nature controversée de la campagne des drones contre Al-Qaïda, dont il est l'un des principaux architectes.

«L'assassinat est contre la Constitution!», a crié un homme avant que le candidat de Barack Obama prenne la parole devant les membres de la commission du Renseignement du Sénat, qui doivent approuver sa nomination.

Peu après, une femme a brandi une pancarte portant le slogan «Les drones volent, les enfants meurent».

La salle d'audience a été évacuée pendant quelques minutes après qu'un cinquième membre du groupe pacifiste Code Pink eut perturbé l'audition.

Dans ses réponses écrites et verbales, John Brennan a défendu la campagne des frappes de drones contre Al-Qaïda, dans laquelle il a joué un rôle-clé à titre de conseiller antiterroriste de la Maison-Blanche. Il a affirmé que le choix des cibles respectait des «normes rigoureuses» et qu'aucune nouvelle loi n'était nécessaire pour encadrer la guerre secrète du président Obama.

Il a cependant admis que les responsables américains devaient reconnaître «publiquement» les bavures de la CIA, dont les frappes ont tué plus de 3000 militants et civils au Pakistan et au Yémen.

Attaques meurtrières

L'audition s'est tenue deux jours après la publication par la chaîne NBC d'une note confidentielle préparée par le ministère de la Justice pour justifier les attaques meurtrières à l'étranger, y compris contre des citoyens américains. Et elle a précédé de quelques heures seulement la décision du président Obama de fournir au Congrès des documents classés secrets relatifs à l'assassinat par drone de l'imam radical Anouar al-Aulaqi, haut responsable d'Al-Qaïda né aux États-Unis en 1971 et tué au Yémen en septembre 2011.

John Brennan s'est par ailleurs défendu d'avoir joué un rôle à la CIA dans la décision d'utiliser les techniques d'interrogatoire «renforcées» autorisées par l'administration Bush. Il a qualifié de «répréhensible» la simulation de noyade, mais a refusé de l'assimiler à de la torture.

«Je ne suis pas avocat», a-t-il dit.

La commission du Renseignement du Sénat tiendra une audition à huis clos la semaine prochaine au cours de laquelle John Brennan devra répondre à des questions plus sensibles.