Naïf ou dangereux pacifiste selon ses détracteurs, l'ex-sénateur républicain Chuck Hagel a fait face jeudi à l'hostilité des anciens collègues de son parti lors de son audition de confirmation comme chef du Pentagone, où il a endossé sans réserve la politique de Barack Obama.  

Face à la levée de boucliers de certains élus de son propre camp contre la nomination de cet adepte du franc-parler, il a été mis sur la défensive par les sénateurs de la Commission des Forces armées qui ont concentré leurs questions sur ses positions passées, comme son opposition rapidement déclarée à la guerre en Irak, et non pas sa vision de l'avenir du Pentagone.

Dans un échange tendu, son «vieil ami» John McCain l'a harcelé sur son opposition à la politique de renforts en Irak décidée par George W. Bush en 2007.

Avait-il eu «raison ou tort» de s'y opposer, l'a pressé John McCain? Gardant son calme, Chuck Hagel a tenté de répondre que l'histoire en jugerait.

«L'histoire a déjà rendu son jugement sur les renforts et vous êtes du mauvais côté de l'histoire», l'a coupé le sénateur de l'Arizona.

Cette politique dite du «surge» a entraîné 1200 morts américains supplémentaires en Irak. «Était-ce nécessaire? (...) Je n'en suis pas certain. Cela ne veut pas dire que j'ai raison, cela ne veut pas dire que j'ai mal voté», a rétorqué l'ex-sénateur (1996-2008).

Soupçonné d'être une colombe, dont le pacifisme a été forgé sous le feu ennemi au Vietnam, il s'est voulu clair : «Nous n'hésiterons pas à recourir à toute la force de l'armée des États-Unis pour assurer notre sécurité. Mais nous devons aussi être intelligents, et plus encore, avisés, dans la façon dont nous employons la grande puissance de notre pays».

Soumis au feu roulant de questions se répétant souvent, Chuck Hagel s'est efforcé de démonter les accusations de manque de solidarité à l'égard d'Israël ou de naïveté envers l'Iran, en reprenant mot pour mot la ligne politique du président Barack Obama sur les différents dossiers.

«Ma vision du monde n'a jamais changé»

Sur l'Iran, «comme je l'ai dit dans le passé, toutes les options doivent être sur la table» pour empêcher Téhéran d'obtenir l'arme nucléaire. «Ma politique est celle de la prévention, pas celle de l'endiguement, et le président a clairement indiqué que c'était la politique de notre gouvernement».

Son opposition au renforcement des sanctions remonte au début des années 2000 : «Nous étions dans une situation différente avec l'Iran à cette époque», a-t-il expliqué.

Vis-à-vis d'Israël, il a promis de s'assurer que cet allié maintienne sa supériorité militaire sur le plan qualitatif par rapport au reste de la région.

Sur le nucléaire, l'ex-sénateur qui avait soutenu l'inititiave Global Zero, rassemblant de nombreuses personnalités internationales en faveur de l'élimination des armes nucléaires, s'est engagé à «maintenir un arsenal nucléaire puissant, sécurisé et prêt».

«Aucun vote, déclaration ou position prise individuellement ne me définit, ne définit mes convictions ou mon action. Ma vision du monde n'a jamais changé : l'Amérique a et doit maintenir l'armée la plus puissante du monde», a-t-il martelé.

Mais son plaidoyer n'a pas semblé convaincre certains. Pour le chef de file républicain à la commission, James Inhofe, le passé de Chuck Hagel «démontre un manque d'opposition constant aux politiques qui diminuent la puissance et l'influence des États-Unis dans le monde».

Le sénateur républicain a également raillé Chuck Hagel pour «une tendance récente aux renversements de position politique qui semblent davantage fondés sur un opportunisme politique que sur des convictions profondes».

Malgré les critiques, la Maison-Blanche se veut confiante sur la confirmation par le Sénat de Chuck Hagel à la tête du Pentagone, malgré un faible soutien de la minorité républicaine.