La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a défendu mercredi avec force devant le Congrès sa gestion de l'attaque contre le consulat de Benghazi en septembre et a lancé une mise en garde face au terrorisme islamiste en Afrique du Nord.

La chef de la diplomatie américaine, qui doit quitter son poste dans quelques jours au sommet de sa popularité, a passé toute la journée sur le grill des commissions des Affaires étrangères du Sénat et de la Chambre des représentants. Lors d'auditions tendues et hypermédiatisées, elle a joué sur les émotions, réprimant ses larmes ou poussant des coups de colère en évoquant la mort de l'ambassadeur des États-Unis et de trois autres Américains dans l'attaque terroriste du 11 septembre contre leur consulat en Libye.

«Ce n'est pas une question politique, c'est personnel», a affirmé Mme Clinton, la voix tremblante, racontant avoir «pris dans ses bras» les familles de ses quatre compatriotes lors du retour de leurs dépouilles à Washington il y a plus de quatre mois.

«Le fait est que quatre Américains étaient morts. Quelle différence cela fait-il que cela ait été le résultat d'une manifestation ou parce que des types étaient sortis un soir pour tuer des Américains?», s'est emportée la secrétaire d'État en tapant du poing sur la table.

Car sa fin de mandat restera marquée par «l'affaire Benghazi», l'attentat ayant déclenché une tempête politique entre démocrates et républicains.

Ces derniers accusent l'administration Obama d'avoir «étouffé l'affaire depuis le début» et ont dans le collimateur l'ambassadrice à l'ONU Susan Rice. Cinq jours après l'attentat, elle l'avait attribué à «des manifestants en colère» plutôt qu'à des «terroristes».

«Des gens ont accusé l'ambassadrice Rice et le gouvernement d'avoir trompé les Américains (...) Rien ne peut être plus éloigné de la vérité», a presque crié Mme Clinton au camp républicain, dont le sénateur Rand Paul venait de lui dire qu'elle aurait dû être démise de ses fonctions.

La secrétaire d'État a toutefois admis que «le tableau de ce qui s'est passé cette nuit-là (le 11 septembre)» restait «très compliqué», renvoyant à l'enquête en cours du FBI.

Un rapport administratif américain en décembre avait brocardé le département d'État - tout en épargnant sa patronne - pour ses «ratés» en matière de sécurité. Le premier adjoint de Mme Clinton, William Burns, avait reconnu que son administration de 60 000 personnes et de 275 postes dans le monde n'avait «pas été à la hauteur».

Le sénateur républicain Bob Corker a fustigé un «ministère sclérosé».

Mais Mme Clinton, dont c'était l'une des dernières apparitions publiques avant de passer le témoin à John Kerry, a soigneusement évité l'auto-critique.

Celle que le tout-Washington donne candidate à la présidentielle de 2016, et qu'un sondage crédite de 67% d'opinion favorables, a simplement répété «assumer la responsabilité» des conséquences de cette attaque.

Pour sa défense, elle a aussi élargi son propos au risque «terroriste» posé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en Afrique du Nord.

«Benghazi n'est pas survenu dans le vide», a-t-elle lancé.

«Les révolutions arabes ont bouleversé l'équilibre des forces dans toute la région (et) l'instabilité au Mali a créé un refuge pour des terroristes qui cherchent à étendre leur influence et à perpétrer davantage d'attaques du genre de celle de la semaine dernière en Algérie», a-t-elle ajouté.

«Après Benghazi, nous avons accéléré notre campagne diplomatique pour augmenter la pression sur AQMI et d'autres groupes terroristes dans la région».

La menace de cette filiale d'Al-Qaïda, perçue jusqu'en septembre à Washington comme relativement lointaine, a en effet changé de dimension avec Benghazi. Les Américains ont pris conscience de la montée en puissance d'AQMI, renforcée par les prises d'otages et des stocks d'armes libyens détournés après la chute de Kadhafi en octobre 2011.