Le nouveau Barack Obama ne tient plus pour acquis la bonne foi ou le bon sens des républicains du Congrès. Pour renforcer sa position auprès du public, il est même prêt à assimiler ses adversaires à des rançonneurs. Écoutons-le les mettre en garde contre la tentation d'utiliser le relèvement du plafond de la dette pour obtenir une réduction des dépenses.

«Ils peuvent agir de façon responsable et payer les factures (de l'État fédéral) ou ils peuvent agir de façon irresponsable et faire plonger l'Amérique dans une nouvelle crise. Mais ils n'obtiendront pas une rançon pour ne pas provoquer l'effondrement de l'économie américaine», a déclaré le président lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, lundi dernier.

Cette fermeté a produit le résultat escompté. Quatre jours plus tard, les républicains de la Chambre des représentants ont plié, promettant de voter cette semaine pour relever le plafond de la dette pour trois mois. Leur vote évitera aux États-Unis de se retrouver en défaut de paiement à la mi-février, une échéance redoutée par les marchés.

Le nouveau Barack Obama remportait ainsi une deuxième victoire importante sur les républicains depuis sa réélection. À la fin de l'année, il avait réussi à éviter aux États-Unis la cure d'austérité du «mur budgétaire» en forçant ses adversaires à accepter ce qu'ils s'étaient promis de refuser: une hausse du taux d'imposition des contribuables les plus riches sans aucune réduction des dépenses en contrepartie.

Ce nouveau Barack Obama, qui arrache aux républicains des concessions plutôt que l'inverse, restera discret aujourd'hui à l'occasion de la cérémonie d'investiture qui commencera à 11h30 devant le Capitole, siège du Congrès américain. Même si la capitale des États-Unis ne vibre pas de la même émotion qu'il y a quatre ans, le président voudra revenir sur ses thèmes chers, dont l'espoir et l'unité.

Autres batailles en vue

Mais le nouveau Barack Obama ne tardera pas à être mis à l'épreuve. Les républicains projettent en effet de prendre leur revanche sur le président à l'occasion des nouvelles batailles budgétaires qui se profilent à l'horizon. Ils retrouveront sur leur chemin un président qui cherche moins à trouver des compromis bipartites qu'à se battre pour défendre les priorités démocrates.

Le dossier des armes à feu présente l'illustration la plus éloquente de la stratégie du nouveau Barack Obama. La tuerie de Newtown lui a sans doute forcé la main, mais le président a endossé plusieurs mesures, dont l'interdiction des armes d'assaut et des chargeurs de grande capacité, qui étaient destinées à soulever l'hostilité de la National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes à feu, et de ses alliés républicains.

Le nouveau Barack Obama subira peut-être la défaite sur les armes à feu. Mais cette bataille pourrait très bien servir à mobiliser l'électorat démocrate en vue des élections de mi-mandat de 2014. Cet électorat composé de jeunes, de Noirs, de Latino-Américains et de femmes, a permis au 44e président de devenir le premier candidat de son parti depuis Franklin Roosevelt à remporter plus de 50% des voix lors de deux élections présidentielles consécutives.

Car il ne faut pas en douter: le président et ses alliés démocrates rêvent de reconquérir la majorité à la Chambre des représentants, où la frange radicale du Parti républicain ne semble pas avoir accepté ou compris le verdict de l'élection du 6 novembre.

Combativité inédite

Le nouveau Barack Obama entend également se battre pour réaliser une réforme de l'immigration dont il pourrait dévoiler les grandes lignes à l'occasion de son discours sur l'état de l'Union, prévu le 12 février. Cette fois-ci, il pourrait obtenir la coopération de certains républicains, qui veulent mettre fin au sentiment d'aliénation éprouvé par plusieurs électeurs latino-américains envers leur parti.

Mais le nouveau Barack Obama n'attendra pas le bon vouloir des républicains. Pour défendre et promouvoir ses projets, il a donné le feu vert à la création d'une nouvelle organisation, Organizing for Action, qui aura pour mission de mobiliser les citoyens ordinaires. «La NRA a une liste, nous aussi», a déclaré l'ancien porte-parole présidentiel, Robert Gibbs.

La nouvelle combativité de Barack Obama n'est pas limitée aux questions de politique intérieure. En choisissant l'ancien sénateur du Nebraska Chuck Hagel comme secrétaire à la Défense, le président a provoqué une réaction furieuse des tenants du mouvement néoconservateur qui ont imposé au Parti républicain leur vision en matière de politique étrangère.

Si le Sénat approuve la nomination de Chuck Hagel, comme on s'y attend, le nouveau Barack Obama pourra revendiquer une autre victoire. Il finira peut-être par y prendre goût.