Le président Barack Obama a mis en garde lundi les républicains contre toute tentative d'utiliser le relèvement du plafond de la dette pour obtenir une réduction des dépenses, une demande de «rançon» qui risquerait de faire replonger les États-Unis dans la crise selon lui.

Utilisant le cadre solennel de la salle d'apparat de la Maison-Blanche pour la dernière conférence de presse de son premier mandat, le dirigeant démocrate américain a pris à témoin ses compatriotes en cherchant à faire peser sur ses adversaires la responsabilité d'un nouvel affrontement.

«Les républicains et le Congrès ont le choix: ils peuvent soit agir de façon responsable et régler les factures des États-Unis, soit agir de façon irresponsable et faire traverser une nouvelle crise économique aux États-Unis. Mais ils n'obtiendront pas de rançon en échange (de l'engagement) de ne pas faire s'écraser l'économie», a-t-il affirmé.

Se voulant pédagogue, M. Obama a expliqué qu'augmenter le plafond légal de la dette, une prérogative du Congrès, revenait à payer des dépenses déjà engagées par les élus du même Congrès.

«Le simple fait d'évoquer cette possibilité, que les États-Unis ne paient pas leur dette, c'est irresponsable, c'est absurde», a poursuivi le président, qui va prêter serment dimanche pour un second mandat de quatre ans.

«Nous ne sommes pas une nation de mauvais payeurs», a martelé M. Obama, qui devra au moins dans les deux années à venir faire face à la même situation que lors de la seconde moitié de son premier mandat: une Chambre des représentants - tenant les cordons de la bourse - contrôlée par ses adversaires républicains.

«Je suis prêt à faire des compromis et trouver un terrain d'entente sur la manière dont nous pouvons réduire nos déficits, (mais) l'Amérique ne peut pas se permettre un nouveau débat avec ce Congrès sur la nécessité ou non de payer des dettes que nous avons d'ores et déjà accumulées», a-t-il assuré.

«Je peux toujours m'améliorer»

Depuis le 31 décembre, l'État américain fonctionne juste au-dessous du plafond de la dette actuel, 16 394 milliards de dollars, grâce à des mesures exceptionnelles permettant de gagner du temps, mais il ne devrait pas pouvoir continuer à le faire au-delà des derniers jours de février.

Des élus républicains souhaitent utiliser cette nouvelle échéance comme moyen de pression pour arracher de la Maison-Blanche ce qu'ils n'ont pas réussi à obtenir lors des dernières négociations sur le «mur budgétaire» il y a 15 jours: des coupes substantielles dans les dépenses, en particulier les programmes sociaux chers aux démocrates.

Le président de la Chambre, John Boehner, a semblé opposer une fin de non-recevoir à l'argumentation du président, estimant dans un communiqué lundi que «les Américains ne soutiennent pas l'idée de relever le plafond de la dette sans réduire les dépenses de l'État en même temps».

Au tournant du Nouvel An, les élus républicains avaient fini par céder sur une hausse d'impôts pour les contribuables les plus aisés, afin de ne pas être tenus responsables d'un choc d'austérité qui se serait automatiquement enclenché faute d'accord.

Le précédent affrontement sur le relèvement du plafond de la dette, lors de l'été 2011, avait débouché sur un accord de dernière minute, mais l'agence de notation Standard and Poor's avait tout de même dégradé la note de la dette souveraine des États-Unis.

Un défaut sur la dette «causerait des dommages irréparables à l'économie américaine et aux Américains», a souligné le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner, dans une lettre aux élus du Congrès lundi.

«Menacer de saper notre solvabilité n'est pas moins grave que de menacer de saper l'État de droit, ni plus légitime que n'importe quelle demande de rançon», a-t-il ajouté, précisant que les mesures exceptionnelles prises jusqu'ici par l'administration permettraient à l'État fédéral de tenir jusqu'à «mi-février et début mars» sans vote du Congrès.

Lundi, M. Obama a aussi répondu aux reproches de froideur qui lui sont opposés, et qui expliquent pour certains observateurs les mauvaises relations qu'il entretient avec les républicains.

«La plupart des gens qui me connaissent savent que je suis un type plutôt sympa», a-t-il assuré, en disant penser que «ce qui explique la paralysie ici à Washington, ou les difficultés de négociations, est tout simplement lié à des différences politiques marquées».

«Bien sûr, les relations personnelles sont importantes et je peux toujours m'améliorer», a-t-il toutefois admis.