Une nouvelle génération de dirigeants républicains élabore un discours plus à même de séduire les électeurs américains que les arguments conservateurs défendus par Mitt Romney, nettement battu à la présidentielle du 6 novembre dernier.

Le président démocrate Barack Obama n'a pas encore prêté serment pour un second mandat de quatre ans, mais des républicains cultivent déjà leur image avec l'idée de défendre les couleurs du parti à l'élection de 2016, avec Paul Ryan et Marco Rubio en tête, tous deux nés au début des années 1970.

«La défaite fait partie de la politique, et elle peut souvent préparer aux plus grandes victoires», a assuré la semaine dernière M. Ryan, 42 ans.

Resté représentant du Wisconsin, il se distancie déjà de la campagne qu'il a menée pendant trois mois au côté de M. Romney, 65 ans, dont les déclarations sur les «47%» d'Américains selon lui assistés, enregistrées à son insu, resteront symboliques de convictions trop conservatrices pour être embrassées par une majorité de l'électorat.

M. Rubio, dynamique sénateur de Floride et favori du Tea Party, l'aile droite populiste républicaine, élabore un argumentaire rappelant le conservatisme «compassionnel» qui avait réussi à George W. Bush.

Évoquant les employés les plus modestes lors d'un discours la semaine dernière, M. Rubio a affirmé que «tout ce qu'ils veulent, c'est la possibilité d'obtenir une vie meilleure pour eux-mêmes et un avenir plus prometteur pour leurs enfants. La réussite ou le déclin américain dépendront du fait qu'ils auront cette chance ou pas».

Issu d'une famille d'immigrés cubains, M. Rubio a aussi semblé prendre note du fait que la position stricte des républicains sur l'immigration illégale leur avait coûté cher en novembre, les électeurs d'origine hispanique ayant choisi M. Obama à une écrasante majorité.

«Lorsqu'on parle d'immigration clandestine, on ne parle pas d'une invasion de criquets, on parle de gens», a remarqué M. Rubio, 41 ans, la semaine dernière lors d'un déjeuner organisé par le journal spécialisé Politico à Washington.

L'image de Ronald Reagan

M. Ryan polit lui aussi un ton consensuel.

«Les deux partis ont tendance à diviser les Américains entre "nos électeurs" et "leurs électeurs"», a-t-il regretté. «Les républicains doivent éviter ce piège. Nous devons répondre aux angoisses et aux aspirations de tous les Américains», a-t-il ajouté, en lançant comme M. Rubio un appel du pied aux plus modestes qui aspirent à rejoindre la classe moyenne.

«Je pense que nous pouvons relancer l'ascenseur social, pour que personne ne se voie privé de la promesse des États-Unis», a assuré M. Ryan, qui a été dépeint par les démocrates pendant la campagne comme un défenseur de coupes claires dans les programmes sociaux.

«Nous avons une vision compassionnelle fondée sur des idées qui fonctionnent, mais parfois nous n'exposons pas cette vision avec talent. Il nous faut faire mieux», selon lui.

Au-delà, c'est l'image de Ronald Reagan, charismatique et populaire président républicain dans les années 1980, que MM. Ryan et Rubio semblent vouloir mobiliser, estime Paul Kengor, spécialiste du 40e dirigeant des États-Unis.

Pour M. Kengor, professeur de sciences politiques au Grove City College, une université de Pennsylvanie, la défaite de M. Romney ne traduit pas forcément le rejet du conservatisme, plutôt l'échec du candidat à se muer en porte-parole talentueux de cette philosophie.

«Reagan le faisait avec optimisme, et une capacité à entrer en contact avec les Américains», observe-t-il, en se disant persuadé que «Marco Rubio et Paul Ryan en sont parfaitement capables».