«La culture blanche est en train de mourir» : sur le campus de Towson, près de Baltimore, Matthew Heimbach, 21 ans, loin de cacher ses convictions, travaille depuis des mois à créer ce qui serait le premier «syndicat étudiant blanc» des États-Unis.

Le jeune homme, étudiant en quatrième année d'histoire américaine, crée la polémique et soumet à rude épreuve le sacro-saint amendement à la constitution du pays sur la liberté d'expression.

«Chaque groupe - Noirs, Hispaniques, juifs ou femmes - a sa propre représentation sur le campus. Pourquoi pas les Blancs?», argumente-t-il auprès de l'AFP, en distribuant dans les allées du campus des tracts contre la construction d'une mosquée voisine.

Baltimore est une ville à majorité noire, mais l'Université de Towson qui la jouxte, est à 67 % blanche.

«Nous vivons sur un campus où existe une discrimination envers les Blancs, il y a des programmes de discrimination positive» pour les minorités, se lamente néanmoins l'étudiant, grand, un peu rond, parka kaki et tee-shirt «Fils de la liberté» évoquant la révolution américaine sur le dos : «Sous prétexte de diversité, on refuse l'université à des blancs ou des asiatiques mieux notés».

La Cour suprême américaine, la plus haute juridiction du pays, devrait rendre en 2013 une décision en la matière qui pourrait faire jurisprudence, après avoir été saisie du cas d'une étudiante blanche se plaignant d'avoir été refusée dans une université au Texas en raison de sa couleur de peau.

Pour l'instant, Matthew Heimbach est «président» d'un syndicat, le Syndicat des Étudiants blancs, qui n'existe pas encore malgré la trentaine de membres qu'il compte déjà, selon le jeune homme.

Pour pouvoir officiellement le mettre en place, il lui faut un «tuteur», un enseignant ou un membre de l'université, qu'il ne trouve pas.

Un nationalisme blanc exacerbé

Il est vrai que le jeune homme n'en est pas à son coup d'essai et avait déjà lancé l'an dernier une association baptisée «Jeunesse pour la civilisation occidentale», dont le tuteur s'est finalement désengagé.

Les activités de l'association «relevaient d'un programme vantant la suprématie de la race blanche», explique Victor Collins, vice-président adjoint de l'université, responsable de la diversité : «Je n'ai pas de problème s'ils veulent célébrer leur propre culture, mais j'en ai un quand il s'agit de suprématie blanche».

Et Matthew «a invité Jared Taylor», fondateur du journal Renaissance Blanche, «très connu pour prêcher la supériorité de la race blanche», poursuit-il.

Il est vrai que le discours du jeune homme, qui se défend d'être raciste, porte tous les atours d'un nationalisme blanc exacerbé, vouant aux gémonies les marxistes, la société multiculturelle et mettant en garde contre un «génocide» à venir quand la population issue des minorités sera majoritaire aux États-Unis.

Sa volonté de créer un syndicat d'étudiants blancs a suscité la polémique et de nombreux débats. Quelque 1150 personnes ont signé une pétition pour la dénoncer : pour Adi, un étudiant noir en sciences de l'éducation, l'initiative «paraît raciste».

Le Premier amendement, qui inscrit la liberté d'expression dans la Constitution américaine, «est presque sacré dans ce pays», rappelle pourtant M. Collins. «L'université est très attachée à protéger ce droit pour tous les étudiants, aussi négatives que soient leurs positions.»

«Nous ne sommes pas d'accord avec ces dernières, mais nous les tolérons», dit-il avant d'affirmer que l'étudiant n'ayant toujours pas rempli les critères administratifs requis pour la création de son syndicat, toute décision que pourrait prendre ensuite l'université reste «hypothétique».