Zac Vawter se considère lui-même comme un pilote d'essai. Après la perte de sa jambe droite dans un accident de moto, cet ingénieur informatique de 31 ans s'est reconverti en sujet de recherche : il teste actuellement une prothèse de jambe révolutionnaire, dirigée par le cerveau.

Le point d'orgue de cette période de test doit avoir lieu dimanche, alors qu'il doit tenter l'ascension des 103 volées de marches qui mènent au sommet de la Willis Tower de Chicago, l'un des plus hauts gratte-ciels au monde.

Si tout se passe bien, il entrera dans l'histoire. Lors de son ascension, il dirigera sa jambe bionique grâce aux impulsions électriques de sa pensée, par l'intermédiaire de ses muscles ischio-jambiers. Il suffira à Zac Vawter de penser «grimpe les marches» pour que la machinerie de la prothèse se mette en route en ronronnant, et synchronise les mouvements de la cheville et du genou.

Il espère arriver là-haut en une heure, soit moins vite que pour une personne valide, mais plus rapidement qu'avec la «stupide» prothèse qu'il utilisait avant, comme il le dit lui-même.

Dimanche, une équipe de recherche de l'Institut de réhabilitation de Chicago sera présente pour l'encourager et vérifier les performances de cette jambe intelligente. Lorsque Zac Vawter rentrera chez lui dans l'État de Washington, où il vit avec femme et ses deux enfants, la prothèse expérimentale restera à Chicago, où les chercheurs continueront de plancher sur les détails de son fonctionnement.

Si la mise sur le marché de la jambe bionique n'est pas prévue avant plusieurs années, Zac Vawter se montre tout de même très optimiste. «À un moment ou à un autre, dans l'avenir, cette découverte pourra m'aider, et j'espère qu'elle pourra aider beaucoup d'autres gens», explique-t-il.

Les prothèses de bras bioniques existent depuis plusieurs années, notamment grâce aux travaux de l'Institut de réhabilitation de Chicago. Mais le nombre grandissant d'amputations au niveau des jambes a poussé la recherche à s'intéresser davantage aux membres inférieurs.

La question de la sécurité est primordiale: contrairement aux prothèses du haut du corps, les prothèses de jambes peuvent occasionner des chutes en cas de dysfonctionnement.

La jambe de Zac Vawter a été amputée en 2009. Le chirurgien avait alors repositionné les résidus de nerfs et les avait cousus au tendon de sa jambe. Tout cela pour permettre à Vawter de bénéficier d'une jambe bionique, alors même que cette technologie n'existait pas encore. Cette technologie est appelée la «réinnervation des muscles», explique Levi Hargrove, chargé de recherches au Centre de la médecine bionique.

«Maintenant, il aura juste à penser à bouger sa cheville, son tendon bougera et nous pourrons indiquer à la prothèse comme bouger correctement», explique M. Hargrove.

L'ascension de la Willis Tower sera le premier test en public de la jambe bionique, selon les explications de Levi Hargrove.

Ce projet de 8 millions $ US est notamment financé par le département américain de la Défense, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l'université du Rhode Island.

L'expérience ne manquera pas de rappeler à toute une génération la série The Six Million Dollar Man, qui avait eu un succès immense dans les années 1970, et dont le héros est un ancien astronaute dont le corps a été partiellement remplacé par des prothèses bioniques.