Les autorités sanitaires américaines ont lancé un appel jeudi pour durcir les lois régissant les sociétés de préparation en pharmacie, dont l'une est à l'origine d'une contamination de stéroïdes qui a provoqué des méningites chez 170 personnes, dont 14 sont mortes.

La situation a empiré en une semaine, puisque le 6 octobre les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) avaient fait état de 64 cas dont sept décès. A ce jour, les cas ont été signalés dans onze États.

Les CDC ont aussi révisé en hausse jeudi le nombre de personnes ayant potentiellement reçu ces injections contaminées par un champignon parasite, estimé désormais à près de 14 000 dans 23 États, contre 13 000 initialement.

Jusqu'à maintenant les analyses ont indentifié 50 doses de stéroïdes contaminés, dont toutes proviennent d'une société de préparation en pharmacie appelée New England Compounding Center (NECC) dans le Massachusetts qui a, depuis, lancé un vaste rappel de ses produits, cessé ses opérations et rendu sa licence aux autorités sanitaires de l'État.

Lors d'une conférence de presse téléphonique le Dr Todd Weber, un responsable des CDC, a précisé que les CDC avaient déjà pu contacter 90% des personnes ayant reçu des injections, et poursuivaient les recherches.

Généralement les symptômes de méningite fongique, qui est rare et non contagieuse, apparaissent de une à quatre semaines après la dernière injection, a précisé ce médecin.

Mais dans certains cas, cela peut aller jusqu'à plusieurs mois, a-t-il précisé, invitant médecins et patients à «rester vigilants.»

NECC «pas en conformité»

Il a aussi insisté pour que les personnes préviennent sans attendre leur médecin au moindre symptôme, dont surtout des maux de tête, de la fièvre et des nausées.

«Nous pouvons sauver des vies en identifiant les malades très tôt pour leur donner les thérapies anti-fongique appropriées», a souligné le Dr Weber.

Le Dr Deborah Autor, directrice adjointe de la FDA (Food and Drug Administration), l'autorité de réglementation des produits alimentaires et des médicaments, a lancé, dans la même conférence de presse, un appel pour renforcer la réglementation des sociétés telles que la NECC.

Ces dernières, sorte de préparateurs de médicaments, travaillent en principe pour le compte d'un nombre limité de médecins et de cliniques. De ce fait, elles ne sont pas soumises aux mêmes réglementations --plus strictes-- régissant les laboratoires pharmaceutiques.

«Une fois que la crise aura été contenue, nous voulons travailler avec le Congrès, ces sociétés pharmaceutiques, et suivre les appels des États pour renforcer le système et essayer d'éviter de telles tragédies à l'avenir», a insisté le Dr Autor.

Selon elle, la FDA a «fait beaucoup pour superviser les activités» de la NECC incriminée, avec des inspections répétées et des lettres d'avertissement dès 2006. Mais «nous pourrions faire plus avec une autorité plus clairement établie», a jugé le Dr Autor.

Actuellement ces sociétés de préparation en pharmacie sont réglementées par les Etats où elles se trouvent.

Or selon le Dr Madeleine Biondolillo, une responsable du département de la Santé du Massachusetts, NECC «n'opérait pas en conformité avec les réglementations de l'État» en distribuant ses produits à grande échelle dans plusieurs États.

Plusieurs élus du Congrès ont indiqué de leur côté qu'ils présenteraient des projets de loi pour renforcer le pouvoir réglementaire fédéral sur ces sociétés.