Mardi soir, au moment où l'ouragan Isaac a touché terre à l'embouchure du Mississippi, Hank Roberts a eu les larmes aux yeux. « Je n'étais pas inquiet, a-t-il dit. Je me suis simplement rappelé tout ce qui s'est passé en 2005. »

Hank Roberts habite à Biloxi, ville côtière du Mississippi située à 150 km de La Nouvelle-Orléans. Il a perdu l'une de ses résidences et son cabinet de dentiste lorsque Katrina a balayé les côtes de la région, le 29 août 2005. Quelque 1800 personnes ont perdu la vie à la suite du passage de l'ouragan.

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Sept ans jour pour jour après le désastre de 2005, Hank Roberts ne s'en faisait pas outre mesure avec Isaac. Le Centre de surveillance des ouragans prévoyait un ouragan de catégorie 1 sur l'échelle de Saffir-Simpson, qui compte cinq niveaux. Katrina était un ouragan de catégorie 3.

« Je regarde par ma fenêtre arrière, et l'eau du fleuve est environ 7 ou 8 pieds plus haut que la normale, a souligné Hank Roberts. En 2005, l'eau avait monté de 30 à 40 pieds. »

Tempête tropicale

En après-midi, le Centre de surveillance des ouragans a rétrogradé Isaac au niveau d'une tempête tropicale. L'ouragan s'est affaibli en s'approchant de la Louisiane.

Vers 15h30, la tempête était à 80 km au sud-ouest de La Nouvelle-Orléans et à 90 km au sud-est de Baton Rouge, la capitale. Le centre de la tempête, qui avançait lentement (9 km/h), devait survoler les terres de la Louisiane hier et aujourd'hui, puis atteindre l'Arkansas demain.

Même s'il n'est pas comparable à KatrinaIsaac a tout de même noyé la Louisiane sous des trombes d'eau, avec des vents de plus de 130 km/h en rafale - des conditions qualifiées de « dangereuses » par les météorologues du Centre de surveillance des ouragans.

Près de 700 000 résidants de la région ont été privés d'électricité dans la journée d'hier, et risquaient de l'être encore pendant plusieurs jours. À l'aéroport de La Nouvelle-Orléans, les vols ont été annulés jusqu'à aujourd'hui.

Des évacuations ont été ordonnées dans les régions de basse altitude en Louisiane et dans le Mississippi. C'était le cas dans la paroisse de Plaquemines, sur le littoral au sud de La Nouvelle-Orléans, où 3000 personnes ont reçu un ordre d'évacuation. Des digues ont été submergées et l'eau a monté brusquement jusqu'à une hauteur de 3,6 m dans certaines maisons.

« C'est très pluvieux, très venteux », a résumé Sid, employé d'Angelo Restaurant & Lounge, dans la paroisse de Plaquemines. Le restaurant, privé d'électricité, était fermé hier, comme presque tous les commerces du coin. «Il n'y a personne dehors», a-t-il dit.

À La Nouvelle-Orléans, des lignes électriques sont tombées au sol et des débris jonchent les rues, poussant les autorités à imposer un couvre-feu du lever au coucher du soleil. Par ailleurs, le système anti-inondation a tenu le coup, a annoncé hier matin le Corps des ingénieurs de l'armée américaine. Le système, constitué de 560 km de digues, de parois coulissantes et de 78 stations de pompage, a été construit après le passage de Katrina pour la somme de 14,5 milliards. Les digues submergées à Plaquemines ne font pas partie du réseau construit par l'État fédéral après Katrina.

Plus de 35 000 membres de la Garde nationale et près de 100 avions et hélicoptères ont été déployés dès mardi pour intervenir en Louisiane, au Mississippi, en Alabama et en Floride. « Ce n'est pas le temps de prendre des risques », a affirmé mardi le président Barack Obama.