Trois sous-officiers du corps d'élite des Marines américains ont plaidé coupable et font l'objet de sanctions administratives pour avoir uriné sur des cadavres en Afghanistan et avoir mis en ligne les images sur l'internet, a annoncé lundi le corps des Marines.

«Les sanctions précises ne seront pas rendues publiques car il s'agit d'une punition non judiciaire dans le cadre d'une procédure administrative», affirme-t-il dans un communiqué.

Ces sanctions peuvent être la dégradation, des arrêts de rigueur, des confiscations de soldes ou encore une réprimande, qui les gênera dans l'évolution de leur carrière.

D'autres «actions disciplinaires» devraient être prises à l'encontre d'autres Marines impliqués dans cette affaire, selon le communiqué.

Les trois militaires appartenaient à une unité de tireurs d'élite du 3e bataillon du 2e Régiment de Marines, basée à Camp Lejeune (Caroline du Nord).

Les faits remontent au 27 juillet 2011 lors d'une opération contre l'insurrection talibane dans le district de Musa Qala, dans le Helmand (sud-ouest de l'Afghanistan), mais ils n'ont été portés à la connaissance du public que le 11 janvier avec la mise en ligne d'une vidéo sur internet.

Dans cette vidéo, quatre jeunes soldats se soulageant, hilares, sur les cadavres ensanglantés de trois Afghans. Les images ont fait le tour du monde et horrifié les principaux responsables politiques et militaires américains, consternés par un acte «lamentable», selon les termes du secrétaire à la Défense Leon Panetta.

Une enquête avait immédiatement été ouverte sous la pression de dirigeants américains soucieux de prévenir un embrasement de la rue afghane.

Quelques jours plus tard, un soldat afghan de 21 ans, Abdul Mansour, ouvrait le feu sur un groupe de militaires français assurant la formation des troupes afghanes. Cinq soldats français ont été tués et une quinzaine d'autres blessés.

Lors de son interrogatoire, Abdoul Mansour avait dit avoir agi «à cause de la vidéo sur laquelle des soldats américains urinaient sur des cadavres», selon des sources sécuritaires à Kaboul.

En une décennie de guerres en Afghanistan et en Irak, les scandales n'ont pas manqué d'éclabousser l'armée américaine. En 2008, une vidéo montrant deux Marines lançant un chiot du haut d'un précipice en Irak avaient choqué.

En 2004, les clichés de prisonniers irakiens humiliés par des militaires américains à la prison d'Abou Ghraïb avaient fait le tour du monde et révulsé les musulmans.

En février, des Corans, confisqués parce que des détenus afghans s'en servaient pour communiquer entre eux, avaient été incinérés sur l'immense base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, à la suite d'une négligence.

Dans un rapport d'enquête publié lundi, l'armée précise que près de 100 exemplaires du Coran avaient été incinérés sur les quelque 2.000 livres sur lesquels étaient inscrits des «propos extrémistes» qui avaient été identifiés à la bibliothèque de la prison.

L'armée américaine a recommandé en juin que des sanctions administratives soient prises à l'encontre des sept militaires impliqués.

Cette affaire avait provoqué plusieurs jours de manifestations meurtrières en Afghanistan malgré les excuses présentées par les États-Unis, les talibans appelant à «tuer» des soldats étrangers pour «défendre le livre saint».