Barack Obama a renouvelé lundi son appel à laisser expirer les cadeaux fiscaux des plus aisés, un sujet sensible à moins de quatre mois de la présidentielle américaine et qui se heurte à l'hostilité de ses adversaires républicains en position de force au Congrès.

Fin 2010, M. Obama et le Congrès avaient conclu un compromis fiscal qui avait prorogé de deux ans les allègements d'impôts consentis à tous les Américains au début de la présidence du républicain George W. Bush, en 2001 et 2003. En échange, les élus avaient reconduit le paiement d'allocations-chômage et donné leur feu vert à des mesures en faveur de la classe moyenne.

Ces cadeaux doivent donc expirer à la fin de l'année, et M. Obama souhaite que ceux qui gagnent plus de 250 000 dollars par an n'en bénéficient plus. Candidat à sa réélection, il a renversé lundi la problématique en demandant au Congrès de ne pas pénaliser la classe moyenne.

«Les républicains disent qu'ils ne veulent pas augmenter les impôts pour la classe moyenne. Je ne veux pas augmenter les impôts pour la classe moyenne», a remarqué M. Obama lors d'une courte allocution à la Maison-Blanche: «n'attendons pas pour travailler sur ce sur quoi nous sommes d'accord».

Le président démocrate a aussi souligné que «l'avenir des allègements fiscaux pour les Américains les plus riches sera décidé, en grande partie, par le résultat de la prochaine élection» présidentielle le 6 novembre.

«Mon adversaire (Mitt Romney, ndlr) luttera pour les conserver. Je me battrai pour les faire expirer. Mais cette dispute ne devrait pas vous menacer. Elle ne devrait pas menacer les 98% d'Américains qui veulent simplement savoir que leurs impôts n'augmenteront pas l'année prochaine», a ajouté M. Obama, qui s'exprimait devant une rangée d'Américains invités à assister à son discours.

Sans surprise, et comme en 2010, les républicains, qui sont majoritaires à la Chambre des représentants et disposent d'une minorité de blocage au Sénat, ont rejeté lundi l'appel de M. Obama à dissocier la fiscalité des plus aisés de celle des classes moyennes.

Le président républicain de la Chambre, John Boehner, a ainsi estimé qu'aux termes du plan de M. Obama, des propriétaires de PME verraient leurs impôts augmenter, ce qui serait à son sens préjudiciable aux créations d'emplois.

Les chiffres de l'emploi pour juin publiés vendredi dernier ont confirmé le ralentissement de l'économie au second trimestre, tandis que le taux de chômage est resté bloqué à 8,2% de la population active, contre 5% début 2008 avant la crise économique.

«Le président Obama est toujours endormi aux commandes (...) et persiste dans sa quête insensée des mêmes hausses d'impôts pour les PME qui ont déjà été rejetées par la Chambre et le Sénat», a dénoncé M. Boehner.

De son côté, la porte-parole de M. Romney, Andrea Saul, a indiqué que «le président n'a aucune idée de la façon de relancer (l'économie) aux Etats-Unis et aider la classe moyenne», et assuré qu'au contraire, M. Romney «comprend que la dernière chose dont nous avons besoin dans de telles circonstances économiques est d'augmenter les impôts pour quiconque».

Lors de ses discours de campagne, M. Obama se présente en défenseur de la classe moyenne, cherchant à se différencier de M. Romney, un ancien repreneur d'entreprises multimillionnaire. Il se dit persuadé que les États-Unis ne retrouveront le chemin de la croissance que si le pouvoir d'achat de la classe moyenne augmente et estime que les plus aisés n'ont pas besoin de cadeaux fiscaux.