Un expert de l'ONU sur le terrorisme a exhorté jeudi Washington à justifier les attaques de drones, indiquant que si les États-Unis ne menaient pas d'enquête «appropriée» alors les Nations unies devraient s'en charger.

«Chaque attaque sera étudiée», a déclaré le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, Ben Emmerson, lors d'une conférence de presse en marge de la session d'été du Conseil des droits de l'homme de l'ONU.

Se référant aux États unis, M. Emmerson a expliqué que les États devaient «établir un instrument d'enquête indépendant et approprié en vue de publier les résultats» des investigations sur les circonstances des attaques de drones.

Dans le cas contraire, c'est à l'ONU de s'en charger, a-t-il dit.

C'est la deuxième fois cette semaine que les États-Unis sont pointés par des experts de l'ONU sur ce sujet. Mardi, le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions sommaires, extra-judiciaires ou arbitraires dans les zones de conflits, Christof Heyns, avait déjà fait part de son «inquiétude» concernant les exécutions délibérées par les États-Unis.

M. Heyns avait ainsi cité des raids aériens effectués par des drones ainsi que des cas de raids de nuit effectués par les militaires américains en Afghanistan, qui ont pour but de capturer des talibans, mais qui se sont souvent terminés par des exécutions sommaires.

Il avait par ailleurs demandé au gouvernement américain de «clarifier les procédures en place pour s'assurer que toutes les attaques ciblées sont conformes au droit humanitaire international et aux droits de l'homme».

Reste que les États-Unis ne sont pas les seuls à utiliser des drones puisqu'au moins 42 pays utilisent cette technologie, selon M. Emmerson. C'est «un avertissement clair et net» quant à la nécessité de veiller à ce qu'un instrument international d'investigation soit mis en place pour prévenir les abus, a-t-il dit.

Lors de sa conférence de presse, l'expert de l'ONU s'en est également pris à la Syrie et accusé le régime de Bachar al-Assad d'utiliser la lutte anti-terroriste comme prétexte pour attaquer les civils.

«Utiliser les victimes du terrorisme comme prétexte pour violer les droits de l'homme des civils et des non combattants est (...) un mauvais usage des principes du droit international», a relevé M. Emmerson.

Depuis le début de la révolte en Syrie, Damas n'a eu de cesse d'accuser des terroristes, dont ceux liés à Al-Qaïda, d'être derrière les attaques, violences et autres massacres qui ont eu lieu en Syrie ces derniers mois.