Des élus du Congrès américain sont prêts à légiférer pour faire cesser les fuites d'informations confidentielles dans la presse, imputées par certains républicains à Barack Obama, ce que le président a vivement démenti vendredi.

Lors d'une conférence de presse vendredi, M. Obama a démenti que la Maison-Blanche divulgue des informations confidentielles pour en tirer des dividendes politiques. Le président a affirmé qu'il faisait preuve de « tolérance zéro pour ce genre de fuites » et mis en garde contre les « conséquences » encourues par les responsables de ces actes qui ont provoqué la colère du Congrès.

Jeudi, l'influente présidente démocrate de la commission du Renseignement Dianne Feinstein avait martelé que ces fuites devaient « cesser », précisant devant la presse qu'elle souhaitait voir les deux chambres du Congrès collaborer pour renforcer les règles sur l'accès aux données confidentielles.

Mme Feinstein et les principaux responsables chargés des questions de renseignement des deux partis du Congrès ont fustigé de récentes fuites dans le New York Times. Selon le quotidien, Barack Obama serait responsable d'une augmentation des cyberattaques contre le programme nucléaire iranien, après la découverte en 2010 du puissant virus informatique Stuxnet.

Les élus ont également déploré la publication d'informations sur l'autorisation donnée par la Maison-Blanche de tuer des terroristes présumés lors d'opérations clandestines, ainsi que les révélations sur les attaques de drones au Yémen et dans la Corne de l'Afrique.

« Torrent de fuites »

Selon Mme Feinstein, le Congrès ne peut se permettre d'attendre les résultats d'une éventuelle procédure judiciaire sur ces fuites. « Nous n'avons pas des années (devant nous). Il faut légiférer, il faut trouver des solutions rapidement », a-t-elle dit sans autre précision sur la nature d'un éventuel projet de loi. Parallèlement, elle a salué une enquête ouverte par le FBI au sujet de ces fuites.

Chez les républicains, la tonalité est plus politique et vise explicitement M. Obama, à cinq mois de l'élection présidentielle.

À plusieurs reprises cette semaine, John McCain, rival de M. Obama à la présidentielle de 2008, a accusé la présidence d'avoir organisé ces fuites. Mardi, il avait déclaré que « quelle que soit l'utilité politique de ces fuites pour le président Obama, elles doivent cesser ».

Le sénateur Saxby Chambliss, le plus haut représentant républicain à la commission du Renseignement, a pourtant nié les visées politiques : « ceci n'est pas un exercice politique. C'est trop crucial pour l'avenir de la communauté du renseignement des États-Unis ».

« Nous sommes tous extrêmement contrariés non seulement parce que des fuites ont eu lieu, mais aussi parce qu'il y a un torrent de fuites issu de la communauté du renseignement », a dit M. Chambliss.

De son côté, avant même la mise au point de Barack Obama, l'administration avait rejeté toute implication. Le porte-parole du président, Jay Carney, avait indiqué jeudi à la presse que M. Obama prenait l'affaire « au sérieux » et que « toute suggestion selon laquelle la Maison-Blanche a fait fuiter des informations sensibles pour des raisons politiques n'a aucun fondement ».

Les opérations de renseignement sont « compartimentées » pour éviter les fuites, mais souvent des dizaines de personnes à la CIA et à la Maison-Blanche sont au courant.

Le mois dernier déjà, plusieurs élus du Congrès avaient exprimé leur colère après la publication dans la presse des détails d'un projet d'attentat déjoué par un agent infiltré au sein d'Al-Qaïda au Yémen.