Lucie Zeeko Marigot, une Française de 41 ans qui avait provoqué le déroutement d'un vol transatlantique en proclamant avoir «un objet implanté dans le corps», sera renvoyée en France sans être poursuivie, a annoncé mercredi la justice américaine.

La passagère française, née au Cameroun, avait embarqué mardi à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, près de Paris, à bord du vol 787 de la compagnie US Airways à destination de Charlotte en Caroline du Nord.

Elle avait remis «une note à un membre de l'équipage ainsi qu'un livre écrits en français», précisant qu'elle avait «un objet dans le corps qu'elle ne pouvait pas contrôler», a indiqué le bureau du procureur fédéral Thomas Delahanty.

Quand l'avion était au dessus de l'océan atlantique, «la décision avisée» a été prise de dérouter le vol vers Bangor, dans le Maine, peut-on lire dans ce communiqué.

Lucie Marigot, «perturbée psychologiquement» mais «inconnue» des autorités françaises, selon une source policière française, a été placée en état d'arrestation à l'atterrissage à Bangor, avant de comparaître mercredi devant un tribunal fédéral du Maine.

Mais «sur la base d'une enquête poussée», le procureur fédéral a informé ce tribunal qu'«aucune plainte au pénal ne serait déposée contre» la Française et qu'elle serait placée dans un centre de rétention «en vue d'être renvoyée en France».

Elle voyageait sans bagage pour un séjour de dix jours. Le président de la commission parlementaire américaine de la Sécurité intérieure, Peter King, a estimé sur CNN que si l'embarquement avait eu lieu aux Etats-Unis, «on lui aurait fait subir un contrôle supplémentaire».

En outre, la Franco-camerounaise avait affirmé lundi sur la radio Africa n°1 que, lors d'un séjour en hôpital psychiatrique en 2001 dans le Var, des médecins lui avaient arraché les ongles, les dents, greffé des appareils dans les oreilles et des bouts de peau au niveau des reins et du nez.

«Ils m'ont utilisée comme cobaye», disait-elle. «Je sais que j'ai des corps étrangers dans mon corps», déclarait-elle à l'antenne, «je sais que j'ai un micro puisque je suis suivie partout où je vais». «J'ai des greffons de peau, un peu partout, au niveau de mon rein, sous mon nez», prétendait-elle encore, en admettant que «cela ne se voit pas, c'est très bien fait».

Elle avait également annoncé sur cette radio avoir pris un billet d'avion pour les Etats-Unis où elle disait vouloir être auscultée par des médecins.

Son ex-belle mère a déclaré à l'AFP l'avoir «accompagnée lundi à la radio Africa N°1». «Quand je l'ai quittée, elle s'apprêtait à partir aux Etats-Unis le lendemain. Elle voulait y prendre contact avec une association», a raconté Michèle Marigot, précisant que le voyage était «prévu depuis quinze jours». Elle a ajouté que sa belle-fille lui avait «dit +je vais donner une lettre au personnel navigant+ sans préciser son contenu».

La note demandait «de l'aide» au président Obama et sa femme et précisait que la Française «était la victime d'un groupe de médecins» et avait un «objet dans le corps qu'(elle) ne pouvait pas contrôler», a précisé le bureau du procureur.

«Quand le membre d'équipage lui a demandé si l'objet pouvait faire du mal à elle ou à d'autres, elle a répondu qu'elle ne savait pas». Mais un examen par deux médecins à bord de l'appareil a permis de déterminer qu'elle n'avait pas de «cicatrices visibles indiquant quelqu'implant qu'il soit», selon le texte.

A l'arrivée à Bangor, une fouille de l'avion et des bagages n'ont pas révélé de «présence d'explosifs ou d'engin dangereux» et l'enquête qui a suivi a permis d'établir que ni les passagers ni les membres de l'équipage n'avaient «en fait jamais couru un danger».