La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a terminé samedi une visite en Chine après avoir obtenu un accord fragile sur le militant aveugle chinois des droits civiques Chen Guangcheng, qui attend à présent de pouvoir quitter son pays et se rendre aux États-Unis.

Après une semaine d'âpres négociations, les États-Unis ont annoncé vendredi que le gouvernement chinois allait rapidement donner au militant et à sa famille «les documents de voyage appropriés».

Chen Guangcheng a reçu une offre de bourse de l'Université de New York (NYU), où il pourrait se rendre accompagné de sa femme et ses deux enfants.

Le dissident s'était réfugié le 26 avril à l'ambassade des États-Unis à Pékin, quelques jours avant l'arrivée de la secrétaire d'État. Il avait été transféré mercredi à l'hôpital pour une blessure au pied - résultat de sa fuite le 22 avril de sa maison où il était en résidence surveillée.

Craignant pour sa sécurité, il avait demandé à quitter la Chine, au moins temporairement.

Le militant serait toujours à l'hôpital où les forces de sécurité empêchent d'entrer tout journaliste ou ami.

T. Kumar, directeur d'Amnesty International à Washington, s'est réjoui de l'accord conclu avec les autorités chinoises. Il s'agit désormais de voir si la Chine se conformera à ses engagements et cessera de harceler la famille de Chen et ceux qui le soutiennent, selon lui.

Un dissident chinois exilé aux États-Unis, le pasteur Bob Fu, qui avait mobilisé l'opinion sur le cas de Chen, a félicité Hillary Clinton et l'ambassadeur américain en Chine, Gary Locke, pour l'accord obtenu.

«Cette annonce est importante et correspond aux souhaits de Chen», a indiqué M. Fu, qui appelle cependant à rester vigilant pour les membres du comité de soutien et la famille de Chen : «Pékin donne d'une main la liberté à Chen et de l'autre frappe les défenseurs des droits civiques».

Des craintes demeurent

La présidente républicaine de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, a estimé que l'administration américaine avait fait une erreur de priver Chen de la protection américaine et qu'il fallait continuer à faire pression sur Pékin.

«Ce n'est que lorsque Chen arrivera sur le sol américain et obtiendra l'asile politique que nous saurons si la question est résolue et si sa liberté et sa sécurité sont assurées», a-t-elle dit.

L'affaire de l'avocat pourfendeur des avortements forcés a provoqué une crise dans les relations entre les États-Unis et la Chine, qui se sont réunis à Pékin pour leur «dialogue stratégique et économique» annuel.

À l'issue de cette rencontre, Mme Clinton a souligné que les droits de l'Homme étaient «essentiels dans tous les pays».

«Nous abordons les cas individuels et les situations spécifiques chaque fois que c'est nécessaire», a ajouté le chef de la diplomatie américaine.

Le conseiller d'État chinois Dai Bingguo a rétorqué que la question des droits de l'Homme «ne devrait pas être utilisée pour s'ingérer dans les affaires intérieures» d'un pays ni «perturber les relations d'État à État».

Un responsable américain a pour sa part déclaré que des représentants du gouvernement chinois s'étaient rendus jeudi et vendredi à l'hôpital où se trouve M. Chen pour s'entretenir avec ce dernier.

Chen Guangcheng, avocat autodidacte, s'est dit très inquiet pour la sécurité de sa mère et de son frère, restés dans son village du Shandong et dont il n'a pas de nouvelles.

Un avocat chinois venu lui apporter son soutien, Jiang Tianyong, a été emmené par la police jeudi soir et battu de telle sorte qu'il «est maintenant sourd d'une oreille et n'entend presque rien de l'autre», a déclaré à l'AFP son épouse, Jin Bialing.

La secrétaire d'État américaine a quitté Pékin samedi pour une visite au Bangladesh.