Vingt-quatre militaires et agents du Service secret américain sont accusés d'avoir retenu les services d'au moins vingt prostituées en Colombie ce mois-ci, à la veille de la visite du président Obama. Six membres du Service secret ont déjà perdu leur emploi, et le Congrès a lancé une enquête sur le scandale, qui pourrait faire tomber d'autres têtes cette semaine.

Q: Que sait-on jusqu'ici?

R: Des agents et des militaires ont fait la fête et passé la nuit du 11 avril avec au moins 20 prostituées dans la ville balnéaire de Carthagène des Indes, en Colombie, avant l'arrivée de la délégation américaine au sommet des Amériques. Au moins 12 agents du Service secret sont impliqués dans le scandale. Ils ne travaillaient pas directement à protéger le président Obama, mais étaient là pour préparer la sécurité. L'affaire a éclaté au grand jour après qu'un agent eut refusé de payer la somme d'argent convenue à une des prostituées (la prostitution est largement légalisée en Colombie). Cette dernière a porté plainte à la police locale. Classée au patrimoine de l'humanité de l'UNESCO, Carthagène des Indes est réputée pour sa vie nocturne peu banale. C'est là que se déroule le concours Miss Colombie à l'automne.

Q: Le scandale a-t-il des liens avec la Maison-Blanche?

R: Jusqu'ici, personne dans l'entourage du président n'a été impliqué dans le scandale. La sécurité du président n'a pas été compromise: Barack Obama n'était pas encore arrivé en Colombie quand les faits reprochés se sont produits. «Rien ne nous permet de croire que quiconque travaillant pour la Maison-Blanche a fait preuve d'un comportement déplacé», a dit hier le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Q: Quelles sont les répercussions?

R: Six employés du Service secret ont perdu leur emploi. Le Pentagone a quant à lui ouvert une enquête sur les 12 militaires impliqués. La Maison-Blanche a dit avoir «pleinement confiance» en la capacité du directeur du Service secret, Mark Sullivan, de faire la lumière sur le scandale et de prendre les mesures qui s'imposent.

Q: Comment les républicains ont-ils réagi?

R: S'ils affirment faire toujours confiance au Service secret, les élus républicains au Congrès ont décidé de lancer une enquête afin de faire la lumière sur le scandale. L'enquête est pilotée par Peter King, président du comité sur la Sécurité nationale à la Chambre des représentants. «Le manque de jugement des agents est tout simplement impossible à qualifier, a dit M. King. Nous comptons tout faire pour aller jusqu'au fond de cette affaire. D'autres têtes pourraient tomber d'ici les prochains jours.» Le comité a d'ailleurs envoyé une liste de 50 questions précises au directeur du Service secret, Mark Sullivan. La semaine dernière, Mitt Romney a dit que les agents impliqués devraient être renvoyés. «Ils ont trahi la confiance du peuple américain et ont préféré s'amuser en mettant leurs propres intérêts au-dessus de ceux de la nation.»

Q: Comment le scandale est-il perçu aux États-Unis?

R: L'affaire fait les manchettes: les experts estiment qu'il s'agit du scandale le plus sérieux de l'histoire du Service secret. Le scandale ne semble toutefois pas entacher l'administration Obama. Certains ténors républicains craignent d'ailleurs de voir l'enquête de la Chambre des représentants se transformer en joute politique qui pourrait nuire au Parti républicain. «Chaque argument en politique génère un contre-argument», a dit l'ex-conseiller du président Bush, Karl Rove, sur les ondes de Fox News, dimanche. «Et le contre-argument ici est que, si les républicains tentent d'utiliser le scandale pour faire une percée contre le président Obama, l'Américain moyen va se dire, O.K., c'est vraiment tiré par les cheveux.»