Charles Colson, le conseiller spécial du président américain Richard Nixon qui s'est retrouvé en prison pour son rôle dans l'affaire du Watergate, avant de devenir un évangéliste chrétien déterminé à aider les prisonniers, est décédé samedi. Il était âgé de 80 ans.

La mort de M. Colson a été confirmée par Jim Liske, le directeur de l'organisme Prison Fellowship Ministries fondé par l'ancien avocat. Selon M. Liske, le décès est lié à des complications survenues après une chirurgie au cerveau à laquelle M. Colson avait dû se soumettre à la fin mars.

L'avocat, reconnu pour ses lunettes à monture de corne, était surnommé le «génie maléfique» de l'administration Nixon. Il a déjà déclaré qu'il marcherait sur sa grand-mère pour s'assurer que le président soit élu pour un second mandat.

En 1972, le Washington Post a dit de lui qu'il était l'«un des plus puissants conseillers présidentiels, notamment décrit comme un fauteur de troubles et un "maître des coups fourrés"».

Charles Colson a aidé à gérer le Comité pour la réélection du président lorsque celui-ci a mis sur pied une opération pour obtenir des informations sur le Parti démocrate. L'arrestation du directeur de la sécurité du comité, James McCord, et de quatre autres hommes dévalisant les bureaux du Comité démocrate national dans le complexe immobilier du Watergate, en 1972, a déclenché le scandale ayant mené à la démission de M. Nixon en août 1974.

Ce sont toutefois des gestes posés avant l'introduction par effraction du Watergate qui ont mené à la condamnation criminelle de M. Colson. Celui-ci a plaidé coupable à des accusations d'avoir tenté de discréditer l'analyste du Pentagone Daniel Ellsberg. C'est ce dernier qui avait coulé l'étude sur le Vietnam du département de la Défense, connue plus tard sous le nom de «papiers du Pentagone».

Les efforts visant à discréditer M. Ellsberg ont impliqué l'utilisation des «plombiers» de Nixon, un groupe secret mis sur pied pour enquêter sur les fuites à la Maison-Blanche, en 1971 pour s'introduire par effraction dans le bureau du psychiatre de M. Ellsberg afin d'y découvrir des informations qui pourraient discréditer ses visées pacifiques.

Cette infraction a été dévoilée lors de l'enquête sur le Watergate et est devenue un élément de preuve dans le scandale en cours. M. Colson a plaidé coupable en 1974 aux accusations d'obstruction à la justice en lien avec ses tentatives pour discréditer M. Ellsberg, bien que les accusations d'implication directe de M. Colson dans le cambriolage aient été abandonnées. Les accusations reliées au cambriolage du Watergate et à la tentative d'étouffer l'affaire ont elles aussi été abandonnées. Il a finalement passé sept mois en prison.

Avant d'entrer en prison, M. Colson a trouvé la foi, mais des détracteurs ont affirmé que sa rédemption poste-scandale était une tentative pour faire réduire la durée de sa peine.