La «règle Buffett», pour rééquilibrer les barèmes fiscaux et faire payer plus les millionnaires, a été écartée lundi au Sénat américain, en plein bras de fer entre Barack Obama et ses adversaires républicains sur la question des impôts à sept mois de la présidentielle.

Faute de soutien dans le camp républicain, qui dispose d'une minorité de blocage, le Sénat a rejeté par 45 voix contre et 51 pour une motion qui aurait permis d'ouvrir les débats sur ce projet. Il fallait 60 voix sur 100 pour que la motion soit adoptée.

Le président Obama défend depuis septembre 2011 la «règle Buffett», soit la taxation à au moins 30% des revenus annuels supérieurs à un million de dollars. Les barèmes fiscaux restent par contre inchangés pour les revenus inférieurs à 250 000 dollars.

«La règle Buffett, c'est du bon sens», a réagi le président Obama quelques minutes à peine après le vote du Sénat.

«Au moment où nous avons des déficits significatifs à combler, et d'importants investissements à faire pour notre économie, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à dépenser de l'argent sur des cadeaux fiscaux pour les Américains les plus riches», a-t-il ajouté.

M. Obama a précisé qu'il allait continuer à pousser le Congrès à agir pour «restaurer l'économie» et «créer une économie construite pour durer».

Selon les démocrates, la mesure permettrait d'économiser au moins 47 milliards de dollars sur 10 ans, afin d'aider à résoudre la question des déficits budgétaires de l'État fédéral américain.

«Aujourd'hui (...) nous allons voir qui est pour que chacun paie sa juste part et qui veut défendre les millionnaires et les milliardaires à n'importe quel prix», avait dit le sénateur démocrate Charles Schumer avant le vote.

M. Obama avait plaidé pour la mesure samedi dans son discours hebdomadaire en assurant que «la plupart des Américains sont favorables à cette idée».

Le multimilliardaire Warren Buffett a donné son nom à cette mesure, qu'il défend, après s'être insurgé publiquement contre le fait d'être assujetti à un taux d'imposition inférieur à celui de sa secrétaire salariée, en raison d'un code des impôts taxant moins les revenus du capital que ceux du travail.

Les républicains en revanche, ont surnommé la mesure «impôt Buffett» et l'ont qualifié de «gadget» qui à leur yeux ne résout aucun des problèmes économiques des États-Unis.

«Nous avons des problèmes sérieux à régler et le président ne se comporte pas de façon sérieuse», avait dit le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell avant le vote.

Ils estiment que la «règle Buffett» sera peu efficace contre le déficit budgétaire, qui doit atteindre 1.330 milliards de dollars pour 2012 et la dette de plus de 15 600 milliards de dollars.

En pleine année électorale, la mesure est aussi une façon de mettre en difficulté le multimillionnaire Mitt Romney, le probable adversaire de M. Obama à la présidentielle.

M. Romney, un ancien investisseur dont la fortune est estimée entre 190 et 250 millions de dollars, a reconnu n'être assujetti qu'à un taux d'imposition de 15% environ malgré des revenus annuels de plus de 20 millions de dollars en 2010 et 2011.

La remise sur le tapis de la «règle Buffett» intervient alors que les Américains doivent déclarer leurs revenus avant le mardi 17 avril au plus tard.