«Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon», a dit hier le président Obama, en référence à Trayvon Martin, ce jeune de 17 ans non armé abattu en Floride le mois dernier par un citoyen qui le trouvait «suspect». Le tireur, George Zimmerman, dit avoir agi par légitime défense, et n'a pas été arrêté. L'histoire provoque une tempête aux États-Unis.

Q: Qui est George Zimmerman?

R: George Zimmerman, 28 ans, était étudiant au Seminole State College et rêvait de devenir policier. De son propre chef, il patrouillait dans son quartier de Sanford, en Floride, où avaient eu lieu des vols. Il appelait le 911 pour signaler «une porte de garage laissée ouverte», ou «une fenêtre non verrouillée». Ses appels étaient devenus de plus en plus fréquents. En 2011, il a appelé les policiers pour porter plainte contre un «mâle noir suspect», âgé entre «7 et 9 ans». Au soir du 26 février, Zimmerman a abattu Trayvon Martin, 17 ans, avec son revolver Kel Tec 9 mm. Des appels passés au 911 par Zimmerman montrent qu'il avait pris Martin en chasse, car il trouvait son comportement «suspect». Zimmerman soutient avoir fait feu durant une altercation avec Martin, qui n'était pas armé. Il a invoqué la légitime défense, en vertu de la loi Stand Your Ground, qui autorise les gens armés à tirer sans tenter de fuir. Zimmerman n'a pas été arrêté et a pu renter chez lui le soir même. Il est toujours armé.

Q: La loi Stand Your Ground peut-elle s'appliquer dans le cas présent?

R: Les policiers de Sanford affirment que la loi protège Zimmerman. Or, ce n'est pas l'avis de Dennis Baxler, élu républicain et co-auteur de la loi, promulguée en 2005. «Cette loi s'applique aux personnes innocentes, aux citoyens qui sont victimes d'une attaque par un malfaiteur, a-t-il dit au Miami Herald. Quiconque est à la poursuite ou cherche à confronter un individu n'est pas protégé par ce statut.»

Q: Le travail des policiers est-il remis en cause?

R: Le soir de la mort de Martin, les policiers n'ont pas fait passer de test d'alcoolémie ou de drogue à Zimmerman, pourtant requis en cas de perte de vie humaine. Aussi, les policiers n'ont pas cherché à communiquer avec les parents de la victime, ni à parler aux gens dont le numéro figurait sur son téléphone cellulaire. La police de Sanford n'est pas étrangère aux accusations d'incurie ou de partialité. En 2010, le fils d'un lieutenant a frappé un sans-abri de race noire à la sortie d'un bar, lui cassant le nez. Les policiers dépêchés sur place n'ont pas arrêté le jeune homme. Ils l'ont fait un mois plus tard, après qu'une vidéo de l'événement eut été diffusée aux nouvelles locales. La ville de Sanford compte 53 000 résidants, dont 57% sont blancs, et 30% sont noirs.

Q: Quelle est la réaction aux États-Unis?

R: La mort de Trayvon Martin fait la une. Plus de 1,5 million de personnes ont signé une pétition en ligne demandant la mise en arrestation de George Zimmerman. Des manifestations doivent avoir lieu aujourd'hui dans plusieurs villes, dont Los Angeles, Chicago, New York et Miami.

Q: Où en est l'enquête?

R: Un grand jury de Floride, le FBI ainsi que le département de la Justice mènent actuellement des enquêtes parallèles sur la mort de Trayvon Martin. Jeudi, le chef de police de Sanford, Bill Lee, a annoncé qu'il quittait temporairement ses fonctions, pour «restaurer le calme» dans la communauté.