La juge militaire qui préside l'audience de l'Américain Bradley Manning a refusé vendredi que huit témoins «essentiels» aux yeux de la défense fassent une déposition sous serment, avant le procès en cour martiale de la «taupe» présumée de WikiLeaks.

Le jeune soldat a comparu pour moins d'une heure vendredi, au deuxième jour d'une audience préliminaire sur la base de Fort Meade, destinée à examiner trois requêtes de la défense essentiellement pour lui faciliter l'accès aux éléments à charge.

Bradley Manning, 24 ans, ancien analyste du renseignement en Irak qui encourt la prison à perpétuité pour «collusion avec l'ennemi», est convoqué pour une nouvelle audience devant la justice militaire du 23 au 26 avril prochains.

L'avocat civil de Bradley Manning, David Coombs, avait soumis une liste de huit noms, dont deux civils, de responsables chargés de classifier les documents.

Parmi eux, Patrick Kennedy, sous-secrétaire d'État, et l'amiral David Woods, actuel chef de la prison de Guantanamo.

Me Coombs souhaitait que ces responsables fassent une déposition sous serment, avant le procès en cour martiale, pour qu'ils évaluent les conséquences sur la sécurité nationale des États-Unis des fuites dont Bradley Manning est accusé. Il voulait également les interroger sur la manière dont les documents que le jeune soldat est soupçonné d'avoir transmis au site internet WikiLeaks ont été classés secrets défense.

La défense affirme que les fuites dont Bradley Manning est accusé n'ont pas eu d'impact notable sur la sécurité des États-Unis.

Me Coombs avait qualifié ces témoins «d'essentiels et nécessaires» à la défense. Le gouvernement a au contraire jugé que ces dépositions n'étaient pas «utiles» et engendraient des «dépenses et des difficultés» en raison de leurs fonctions les empêchant d'être «raisonnablement disponibles».

La juge Denise Lind a donné raison au gouvernement estimant que ces dépositions étaient requises uniquement pour des témoins essentiels dont on voudrait conserver le témoignage et qui pourraient être indisponibles au moment du procès.

Mais ces personnes pourraient témoigner au procès en cour martiale, dont la date n'a pas encore été fixée, a-t-elle estimé.

Me Coombs avait déjà soumis cette liste de personnes qu'il voulait voir témoigner lors d'une audience préliminaire en décembre. Cela lui avait été refusé.

Il avait demandé jeudi à la juge de reconsidérer ce refus, estimant notamment que le gouvernement avait décidé unilatéralement que ces «témoins vitaux» ne pouvaient pas assister à l'audience, sans même le leur demander.

«Le gouvernement se bat avec Coombs sur le moindre centimètre du parcours et il semble que la juge veuille vraiment prendre des décisions contre Manning», a commenté Kevin Zeese, un responsable du comité de soutien du soldat, après l'audience de jeudi.

Bradley Manning est accusé d'avoir transmis au site internet WikiLeaks, entre novembre 2009 et mai 2010, des documents militaires américains sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que 260 000 dépêches du département d'État, déclenchant une tempête dans la diplomatie mondiale. Il n'a pas annoncé s'il plaiderait coupable ou non coupable.