Le vice-président et probable futur numéro un chinois Xi Jinping a évoqué mercredi à Washington un «nouveau départ» pour les relations, parfois fragiles, sino-américaines, avant de se rendre dans l'Amérique profonde à la rencontre de simples citoyens.

S'exprimant lors d'un somptueux déjeuner dans la capitale américaine destiné à courtiser le fleuron des hommes d'affaires du pays, M. Xi a décrit les liens entre les deux pays comme «une rivière qui suit son cours» malgré les méandres, et estimé que le temps était venu pour «un nouveau départ historique».

«Au cours des 33 dernières années, depuis l'établissement de relations diplomatiques, l'amitié entre nos deux peuples s'est renforcée, la coopération bénéfique mutuelle s'est accrue et nos intérêts sont de plus en plus liés», a ajouté M. Xi, entouré de nombreux patrons dont ceux de Coca-Cola et Chevron.

Puis, celui qui, sauf coup de théâtre, succédera à Hu Jintao à la tête du Parti communiste chinois en octobre 2012 puis au poste de chef de l'Etat en mars 2013, s'est rendu dans l'Etat rural de l'Iowa, où il avait noué des amitiés lors d'un voyage de jeunesse en 1985.

«Les gens se réjouissent de voir un dirigeant de premier plan venir ici», a déclaré Chris Steinbach, journaliste au Muscatine Journal, un quotidien de la ville du même nom, qui compte 23 000 habitants. «Ce n'est pas tous les jours qu'une personne de sa stature vient dans une ville de cette taille».

Certains habitants profitaient toutefois de l'occasion pour critiquer le modèle chinois. «Les gens parlent souvent de l'économie chinoise, mais ils oublient ce que ça veut dire», a affirmé John Morgan, un homme d'affaires de la région, attablé dans un restaurant de Muscatine.

«Ils sont communistes et ils ont plus d'un milliard d'habitants et beaucoup d'entre eux sont pauvres», a-t-il ajouté, pointant aussi du doigt la question des droits de l'homme, un des principaux points de discorde entre Washington et Pékin.

La présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Ileana Ros-Lehtinen, a ainsi appelé mercredi «l'administration Obama à affronter de manière directe la Chine sur ses violations atroces en cours des droits de l'homme», demandant la libération immédiate de tous les prisonniers politiques.

La veille, M. Xi avait cherché a rassurer, affirmant, lors d'une rencontre avec la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, que son pays poursuivrait ses efforts pour «améliorer» la situation des droits de l'homme. Le président Barack Obama avait promis plus tôt que son pays continuerait à parler de la question en recevant Xi Jinping.

Mercredi matin, le dirigeant chinois s'est entretenu au Congrès avec des élus souvent hostiles envers Pékin, mais rien n'a filtré de leurs discussions.

Le taux de change du yuan, que Washington accuse Pékin d'encadrer pour s'offrir une compétitivité commerciale à bon compte, constitue un autre des points de discorde entre les deux puissances. Les Etats-Unis ont enregistré en 2011 un déficit commercial record avec la Chine.

A ce propos, M. Xi a estimé mardi que Pékin et Washington devaient «chercher à obtenir plus d'équilibre au niveau du commerce et des investissements entre les deux pays», prônant le «dialogue et la consultation», alors que M. Obama avait demandé plus tôt à la Chine de respecter les «règles en vigueur» dans l'économie mondiale.

La visite de M. Xi intervient aussi après le veto de la Chine --durement critiqué par Washington-- à l'ONU sur la Syrie et à l'occasion de troubles meurtriers et immolations en série dans les zones tibétaines.

Le vice-président chinois devait également se rendre en Californie.