Le président américain Barack Obama dévoile lundi un budget 2013 à forte connotation électorale, mêlant hausses d'impôt pour les riches et investissements dans les infrastructures, neuf mois avant de solliciter un nouveau bail de quatre ans à la Maison-Blanche.

Dans la lignée de son discours sur l'état de l'Union le 24 janvier, quand le président avait souhaité face au Congrès une économie où «tout le monde a une chance, où tout le monde fait son dû, et tout le monde joue selon les mêmes règles», ce budget devrait faire la part belle aux mesures de relance.

Même s'il s'inscrit dans la continuité des accords sur la lutte contre les déficits conclus avec les parlementaires en 2011, avec une baisse des dépenses de 1000 milliards de dollars sur dix ans, ce budget censé s'appliquer à partir du 1er octobre prochain prévoit encore un déficit de 901 milliards de dollars pour l'exercice, soit 5,5% du produit intérieur brut (PIB).

«Je pense qu'il existe un accord assez large pour dire que ce n'est pas le moment d'appliquer l'austérité», a affirmé dimanche le secrétaire général de la Maison-Blanche, Jacob Lew, à l'antenne de la télévision NBC.

L'équipe Obama est encouragée par la baisse du taux de chômage officiel de 8,7% à 8,3% en deux mois, signe espéré d'une embellie après la récession de 2007-2009 qui avait détruit plus de huit millions d'emplois et contribué à creuser les déficits publics à des niveaux inédits.

Les adversaires républicains de M. Obama, qui sont majoritaires à la Chambre des représentants et devront donc donner leur feu vert à l'application de toute ou partie de ce budget, lui ont d'ores et déjà exprimé leur hostilité, estimant qu'il était loin d'en faire assez face à la dette publique qui frôle les 100% du PIB.

«En un mot, la réponse de la Maison-Blanche à l'augmentation de notre dette est «bof»», a ironisé lundi matin Brendan Buck, le porte-parole du président républicain de la Chambre John Boehner, sur son compte Twitter.

Le candidat à l'investiture républicaine Mitt Romney a affirmé que ce budget constituait «une insulte aux contribuables américains» et que le président «n'offrait aucune proposition digne de foi pour résoudre la crise» à venir des programmes sociaux.

Côté recettes, ce budget comprend la mesure vedette évoquée par M. Obama le 24 janvier, la «règle Buffett» du nom du multimilliardaire américain Warren Buffett, qui veut que les foyers aux revenus supérieurs à un million de dollars par an ne soient pas assujettis à un taux d'imposition inférieur à 30%.

Le président souhaite aussi laisser expirer pour les plus aisés les cadeaux fiscaux consentis par son prédécesseur républicain George W. Bush, effectuer 360 milliards d'économies dans les dépenses sociales et réduire de 5% les dépenses militaires par rapport à l'année budgétaire en cours, conformément à un plan déjà acté par le Pentagone.

En éliminant des niches en faveur des énergies fossiles, le plan budgétaire vise 41 milliards de rentrées fiscales supplémentaires en dix ans. Il prévoit aussi de mettre les banques à contribution au titre de leur responsabilité dans la crise financière de 2008 via un prélèvement extraordinaire censé rapporter 61 milliards de dollars, toujours sur dix ans.

Côté dépenses, la proposition de budget prévoit plus de 350 milliards de dollars pour stimuler l'emploi et 476 milliards pour les infrastructures.

En l'absence de toute perspective d'adoption de ces mesures à la Chambre, et alors que les alliés de M. Obama majoritaires au Sénat ont dit ne pas avoir l'intention de procéder à un vote, ce document peut s'interpréter comme un argumentaire destiné à nourrir le débat d'ici à la présidentielle du 6 novembre.

M. Obama devait commencer à l'exposer dès lundi, lors d'un déplacement en Virginie, un État important sur la carte électorale où il a prévu de s'exprimer face à des étudiants à partir de 11h.