Un professeur de troisième année du sud de Los Angeles est accusé d'avoir commis des crimes sexuels contre au moins 23 élèves. L'école vient de réaffecter la totalité de son personnel. Depuis, les révélations-chocs se multiplient, et les parents sont terrifiés.

Entourée de palmiers, peinte en jaune et en bleu, l'école Miramonte semble sortir d'un dessin d'enfant.

Durant des années, Antonio Mores était fier d'habiter en face du bâtiment.

«Maintenant, j'ai du mal à regarder l'école, dit-il. Elle ne représente plus la même chose pour moi.»

La semaine dernière, l'équivalent d'une bombe est tombé dans le quartier quand un enseignant a été accusé d'avoir soumis 23 élèves de 3e année à des jeux sexuels sordides durant les heures de classe.

Selon la police, Mark Berndt bâillonnait des élèves et plaçait des blattes vivantes sur leur visage. Il leur faisait aussi avaler des substances avec une cuiller bleue. Des tests d'ADN ont révélé que la cuiller contenait des traces du sperme de l'accusé.

Depuis, la commission scolaire unifiée de Los Angeles (LAUSD) tente de rassurer les parents. Cette semaine, les 120 membres du personnel de l'école ont été affectés à d'autres établissements, du jamais vu. Un geste qui a déplu à plusieurs parents, furieux de voir les enseignants quitter l'école au moment où les enfants sont ébranlés.

M. Mores, qui a lui-même fréquenté l'école Miramonte au primaire, et dont la nièce est la présidente des élèves de l'école, dit que la décision a fait peur à la communauté.

«La commission scolaire a réagi de façon disproportionnée. Elle semble mettre l'attention sur le personnel enseignant, alors que l'attention devrait porter sur elle.»

Balayé sous le tapis

Travailleur communautaire qui aide les parents de l'école à traverser le scandale, German Barrero estime que la LAUSD ferme les yeux depuis trop longtemps sur les agressions commises par certains enseignants à l'école Miramonte.

En 2005, l'enseignant Ricardo Guevara a été condamné à 15 ans de prison pour avoir fait des attouchements sexuels sur des mineures. La commission scolaire avait permis à Guevara d'enseigner à Miramonte, malgré le fait qu'elle avait déjà versé 1,6 million de dollars dans un règlement à l'amiable pour des accusations d'attouchements portées contre lui par trois mineures.

Les parents, dont plusieurs sont unilingues espagnols, ne savaient pas qu'un prédateur sexuel aujourd'hui derrière les barreaux avait enseigné à l'école, dit M. Barrero. «Ç'a été balayé sous le tapis. La direction n'en a jamais parlé.»

La semaine dernière, un autre enseignant de l'école, Martin Springer, a été arrêté. Il est soupçonné d'avoir fait des attouchements sexuels sur deux élèves.

Selon M. Barrero, ces scandales à répétition ne sont pas le fruit du hasard.

«On voit une tendance. Les enseignants à problèmes sont envoyés à Miramonte. Pourquoi? Ici, c'est un quartier pauvre, à forte concentration de familles latinos. Beaucoup sont des immigrants clandestins. C'est une communauté où les gens n'ont pas les outils pour poser des questions, pour porter plainte.»

Le directeur de la commission scolaire unifiée de Los Angeles, John Deasy, a dit avoir pris la décision de remplacer le personnel de l'école «autant pour le bien-être des enfants que pour celui des enseignants». Plusieurs poursuites sont en voie d'être déposées contre la commission scolaire, accusée de n'avoir pas pris au sérieux les plaintes formulées au fil des ans par certains élèves.

En point de presse, le président du syndicat des enseignants de L.A., Warren Fletcher, a affirmé que la Commission scolaire «n'a aucun plan et tente de trouver des solutions au jour le jour.»

«C'est évident à ce stade-ci qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Encore une fois, ce sont les enfants de l'école qui en paient le prix.»