Quelque 110 millions d'Américains ont vu les Giants de New York triompher dimanche lors du Super Bowl. Mais à entendre le discours des ténors du Parti républicain depuis, on croirait que la victoire la plus mémorable, ce jour-là, c'est Obama qui l'a remportée.

À les écouter, ce n'est pas le quart-arrière Eli Manning qui a réussi un tour de force. C'est Clint Eastwood qui a effectué LA passe spectaculaire qui permettra au président démocrate de franchir la zone des buts le 6 novembre prochain.

Explications: l'acteur et réalisateur est apparu dans une publicité pour Chrysler. Le constructeur, rappelons-le, a profité du plan de sauvetage de la Maison-Blanche. Plan décrié par les républicains.

Eastwood, donc, a expliqué d'un ton ferme et convaincant que le secteur de l'automobile a su se relever. Et que le pays tout entier saura s'inspirer de Detroit.

«Nous sommes à la mi-temps, Amérique. Et la deuxième moitié est sur le point de commencer», a-t-il proclamé de sa voix rauque, tel un vieux sage.

Là où ça fait mal

Mardi, la vedette a nié avoir voulu contribuer à une pub politique. Eastwood a néanmoins frappé là où ça fait mal. Pour les républicains.

Quarante-huit heures avant le Super Bowl, on a appris que le taux de chômage aux États-Unis avait chuté à 8,3% en janvier. Son niveau le plus bas en trois ans.

Or, l'enjeu numéro un de l'élection sera l'état de l'économie. Si celui-ci continue de s'améliorer, les républicains auront nettement plus de mal que prévu à vaincre Obama.

D'autant plus que leur prétendant numéro un, Mitt Romney, peine encore à convaincre les sceptiques au sein de son propre parti.

Hier, le favori a perdu les caucus du Minnesota et du Colorado ainsi que la primaire du Missouri aux mains de Rick Santorum.

Un aveu d'échec sérieux qui ne doit pas être pris à la légère par ses stratèges.

Ses deux piètres performances dans le Midwest sont troublantes en raison de l'ampleur de sa défaite. Et parce que c'est une région cruciale pour les républicains lors du scrutin présidentiel. Le résultat au Colorado est inquiétant parce que Romney l'avait emporté haut la main dans cet État en 2008, avec 60,1% des voix.

En somme, cette déconfiture mine encore plus sa crédibilité. Elle rappelle la faiblesse de sa candidature. Et elle fait très certainement les délices d'Obama et de ses stratèges.

Problème d'image

Le plus récent sondage Washington Post/ABC, diffusé lundi, n'aura pas non plus rassuré Romney. Selon l'étude, seuls 45% des Américains voteraient pour lui alors que 51% donneraient leur appui à Obama.

Les malheurs de Romney, tant sur le terrain mardi que du côté des intentions de vote sur le plan national, signifient donc que la course se poursuivra potentiellement pendant plusieurs autres semaines. Que les attaques vicieuses entre les républicains qui font le bonheur des démocrates sont loin d'être terminées.Et que Romney et ses rivaux seront encore obligés d'investir temps et argent dans cette lutte.

Les républicains devraient pourtant, à l'heure actuelle, fourbir leurs armes et remplir leurs coffres pour affronter Obama et remporter le Super Bowl de la politique américaine, dans neuf mois.

Voilà qui devrait préoccuper les ténors républicains beaucoup plus que la sortie de Clint Eastwood.