Un ancien officier de la CIA qui a aidé à pourchasser et capturer un haut dirigeant d'Al-Qaïda a été accusé lundi d'avoir dévoilé à des reporters des secrets classifiés, incluant la fausse identité de ses associés pendant la mission.

John Kiriakou, âgé de 47 ans, est accusé d'avoir transgressé la Loi sur la protection de l'identité des services de renseignement et la Loi sur l'espionnage. Lors d'une audition en cour fédérale, un juge a ordonné que Kiriakou soit remis en liberté moyennant un cautionnement non garanti de 250 000 $.

Selon les autorités, Kiriakou a révélé à trois journalistes, dont un reporter du New York Times, l'identité de «l'Officier B», qui travaillait avec Kiriakou dans le but de capturer Abu Zubaydah, un présumé financier d'Al-Qaïda, dans les mois qui ont suivi les attaques terroristes du 11 septembre 2001. M. Zubaydah a été victime du simulacre de noyade en 83 occasions, et son cas a servi d'exemple aux opposants à cette technique d'interrogatoire et qui en demandent l'abolition.

Kiriakou est également accusé d'avoir divulgué l'identité d'un autre agent secret à un journaliste dont le nom n'a pas été révélé. Les autorités affirment que ce journaliste a ensuite donné le nom de l'agent secret à une équipe d'avocats de la défense représentant un suspect détenu à Guantanamo. Lorsque les avocats ont ajouté de l'information relative à cet agent dans un document juridique sous scellé, en 2009, les responsables de la CIA ont commencé à se questionner et le gouvernement a lancé une enquête.

Selon une déclaration sous serment, des agents du FBI ont interrogé Kiriakou la semaine dernière et celui-ci a nié avoir divulgué des noms. Lorsque questionné sur une allégation à l'effet qu'il aurait révélé au New York Times, pour les besoins d'un article publié en 2008, l'identité de la personne ayant mené l'interrogatoire de M. Zubaydah, il a assuré que ce n'était pas le cas.

Une porte-parole du New York Times a refusé de commenter le dossier.

Après l'audition, Plato Cacheris, l'avocat de Kiriakou, a déclaré à des journalistes que son client allait plaider non coupable. Il a aussi précisé que le fait que les accusations aient pour effet de criminaliser des gestes fréquemment posés entre journalistes et sources gouvernementales, et ce depuis des décennies, représentait un argument potentiel de la défense.

Si reconnu coupable, Kiriakou pourrait se voir imposer une peine de 30 ans et une amende d'un million de dollars.