La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a déclaré vendredi n'avoir «aucune raison de penser» que la France allait accélérer le retrait de ses soldats d'Afghanistan, après la mort de quatre militaires français, tués par un soldat afghan dans l'est du pays.

«Je compatis vraiment avec ce qui est arrivé aux soldats français», a déclaré Mme Clinton au cours d'une conférence de presse conjointe à Washington avec son homologue allemand Guido Westerwelle.

Cependant, elle a immédiatement ajouté: «Nous sommes en contact étroit avec nos collègues français et nous n'avons aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à prendre part au processus délicat de transition (en cours en Afghanistan), au moment où nous envisageons notre départ (du pays) ainsi que nous en sommes convenus à Lisbonne».

Les dirigeants de l'Otan réunis à Lisbonne en novembre 2010 se sont engagés à entamer le processus de transfert des responsabilités en matière de sécurité à la police et à l'armée afghanes à partir de 2011, un passage de relais qui s'achèverait fin 2014.

Mais le président français Nicolas Sarkozy a brandi vendredi la menace d'un retrait anticipé des troupes françaises du pays et annoncé la suspension de leurs opérations, après qu'un soldat afghan a tué quatre militaires français, deuxième incident de ce type en moins d'un mois.

L'attaque s'est produite dans le cadre d'un entraînement à l'intérieur de la base de Gwam, dans la zone de Tagab, dans l'est de l'Afghanistan. Elle a aussi fait au moins huit blessés, dont un grièvement, selon les autorités françaises.

Les victimes qui participaient à une séance de sport, n'étaient pas armées et ne portaient pas de gilet pare-balles, selon des sources sécuritaires.

Le ministre allemand s'est dit de son côté «choqué par la mort tragique des soldats américains et français en Afghanistan», faisant référence aussi aux six militaires américains de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf) morts dans un accident d'hélicoptère jeudi dans un bastion taliban du sud du pays.

«J'aimerais exprimer ma compassion et mes plus profondes condoléances au nom de la République fédérale d'Allemagne aux familles et proches» de ces soldats, déclaré M. Westerwelle, ajoutant cependant: «Il est clair que des revers comme celui-ci ne doivent pas arrêter notre engagement envers la paix et la réconciliation en Afghanistan».

Interrogé en marge d'un meeting de campagne pour la primaire-clé de Caroline du Sud, le candidat républicain américain Newt Gingrich a de son côté appelé le président français à ne pas «retirer les troupes françaises unilatéralement».

«Je comprends pourquoi le président Sarkozy se demande s'il peut faire confiance à l'administration Obama», a toutefois ajouté M. Gingrich, qui espère remporter l'investiture républicaine pour affronter le président démocrate lors de la présidentielle de novembre.