Cinq jours avant un vote crucial, des sénateurs retirent leur appui à un projet de loi anti-piratage en ligne, après une montée aux boucliers d'opposants dénonçant une tentative d'entraver les libertés sur l'Internet.

Les leaders démocrates du Sénat américain prévoyaient toujours, jeudi, tenir le vote de mardi prochain sur le Protect Intellectual Property Act (PIPA), et les partisans du projet de loi s'affairaient à y apporter des modifications pour tenter de répondre à certaines des critiques les plus fortes.

On ignorait toutefois jeudi si les 60 votes nécessaires à l'adoption du projet de loi seraient obtenus.

Cinq élus, sur les 40 législateurs ayant parrainé le projet de loi PIPA, ont retiré leur appui au document mercredi. Les projets de loi ont été vivement contestés sur la toile par des poids lourds du Web, comme Wikipédia, et le flux de courriels envoyés aux bureaux du Capitole a doublé par rapport aux volumes habituellement reçus.

Plus de 7 millions de signatures à une pétition sur Google plaidant que le projet du loi à l'étude au Sénat, de même que la version examinée à la Chambre des représentants, le Stop Online Piracy Act (SOPA), agiraient ni plus ni moins comme des censeurs et imposeraient un fardeau de formalités administratives aux entreprises américaines.

La sénatrice Kelly Ayotte, élue dans le New Hampshire, est au nombre de ceux qui se sont désistés face à la grogne montrée par les citoyens.

«Plusieurs craintes légitimes méritent davantage de considérations avec que le Congrès n'aille de l'avant avec ce projet de loi», a-t-elle souligné.

Les républicains Orrin Hatch, de l'Utah, Marco Rubio, de la Floride, Chuck Grassley, de l'Iowa, Roy Blunt, du Missouri et John Boozman, de l'Arkansas, ont eux aussi fait marche arrière.

Plusieurs démocrates ont aussi indiqué qu'ils s'opposaient désormais au projet de loi dans sa version actuelle.

Le leader de la majorité au Sénat, Harry Reid, chargé du calendrier de la Chambre haute du Congrès, a résisté aux appels pour remettre à plus tard le vote de mardi.

Les deux élus à la tête des comités judiciaires du Sénat et de la Chambre des représentants, Patrick Leahy et Lamar Smith, ont tous deux indiqué être ouverts à des modifications aux textes tout en rejetant ce qu'ils ont qualifié de mauvaises interprétations des documents.

«Le SOPA ne censure par l'Internet», a plaidé M. Smith.

Les rencontres à portes fermées se poursuivaient, alors que M. Leahy tente d'apporter les changements nécessaires à son projet de loi pour répondre aux critiques et ainsi augmenter les chances d'obtenir les 60 votes requis mardi prochain.