Michelle Obama monte en première ligne pour la réélection de son mari, mais se défend de vouloir se mêler des affaires publiques, illustration des contraintes que doit respecter une Première dame des États-Unis.

Symbole de l'entrée de la femme de Barack Obama dans l'arène, l'équipe de campagne du président démocrate a lancé jeudi un compte Twitter à son nom, qui a séduit plus de 150 000 abonnés en huit heures.

Le même jour, l'équipe Obama a aussi instrumentalisé le 48e anniversaire de Mme Obama la semaine prochaine, appelant à lui envoyer une carte électronique, une manière de récupérer des coordonnées d'électeurs.

Le compte Twitter au nom du président, @barackobama, géré aussi par son comité de campagne, rassemble 11,8 millions d'abonnés. Mais la «First Lady» distance son mari d'au moins 15 points dans les sondages, avec une cote de popularité de 63% mesurée fin octobre par le Marist College.

«La première dame est capable de jouer un rôle unique d'ambassadrice pour le président», affirme Jim Messina, directeur de campagne de M. Obama: «Elle a constitué un très grand atout pour le président à travers le pays en 2008, et nous nous attendons à ce qu'elle joue un rôle aussi crucial en 2012».

De fait, pendant que M. Obama visitait mercredi à Chicago le quartier général de son comité de campagne et participait à trois réunions de levée de fonds en vue de l'élection du 6 novembre prochain, Mme Obama était elle aussi sur la route pour défendre le bilan de son mari auprès de donateurs.

Lors de l'une de ces rencontres en Virginie, elle a énuméré les accomplissements d'un gouvernement auquel elle s'est identifiée: «Nous avons enfin fait rendre des comptes à l'homme qui était à l'origine des attentats du 11-Septembre», a-t-elle affirmé à propos de la mort d'Oussama ben Laden.

Dans un entretien le matin même sur CBS, Mme Obama s'était défendue d'intervenir dans les affaires de la présidence, après la publication d'un livre évoquant des frictions entre elle et des conseillers de son mari.

«Il y a cette idée que j'assiste à des réunions, que je participe à des conversations et à des conflits», s'est-elle étonnée.

«C'est un portrait que les gens ont essayé de brosser de moi depuis le jour où Barack a annoncé» sa candidature en février 2007: l'idée que «je suis une Noire irascible», a-t-elle déploré, en référence à un stéréotype véhiculé sur les femmes de la communauté noire aux États unis.

À la Maison-Blanche, outre son rôle de représentation, Mme Obama, qui avait entre autres mené avant l'élection de son mari une brillante carrière d'avocate, a embrassé la lutte contre l'obésité infantile et la défense des familles de militaires, deux causes peu controversées.

Pour l'une de ses biographes, Liza Mundy, Mme Obama n'est pas la première «First Lady» à qui l'on reproche de se mêler des affaires publiques: cela a été le cas avant elle de Nancy Reagan, Hillary Clinton et même Edith Wilson, réputée avoir pris la présidence en main après une attaque cérébrale de Woodrow Wilson en 1919.

«Le modèle du mariage (...) à la Maison-Blanche est un modèle démodé, où (l'épouse) n'est pas censée s'impliquer dans les affaires de son mari», explique Mme Mundy à l'AFP: une «situation vraiment difficile, particulièrement pour Michelle Obama qui s'est toujours vue comme une femme active».

En restant dans les limites d'un rôle qui n'est ni électif ni même une fonction officielle, Mme Obama a dit à CBS qu'elle était la «confidente» de son mari, à qui elle «exprime très franchement (ses) opinions».

Selon Mme Mundy, Michelle Obama devra «évidemment faire preuve de prudence pendant la campagne, et elle l'a appris très tôt» à ses dépens: en février 2008, elle avait été critiquée pour avoir affirmé, après un bon départ de son mari lors des primaires démocrates, être «pour la première fois fière de (son) pays».