Le président des États-Unis Barack Obama a promulgué samedi une loi de financement du Pentagone qui renforce les sanctions contre le secteur financier de l'Iran, en pleine montée des tensions entre Washington et Téhéran.

Selon la Maison-Blanche, le président a signé depuis son lieu de vacances à Hawaii cette loi prévoyant un financement du département de la Défense à hauteur de 662 milliards de dollars, tout en exprimant de «fortes réserves» sur des mesures introduites par le Congrès limitant sa marge de manoeuvre en matière de détention de suspects de terrorisme.

Les nouvelles mesures punitives promulguées par M. Obama contre la République islamique prévoient de viser la Banque centrale d'Iran dans le but de contraindre Téhéran à abandonner son programme nucléaire.

Elles prévoient d'autoriser M. Obama à geler les avoirs de toute institution financière étrangère qui commercerait avec la banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole.

L'annonce de la Maison-Blanche intervient alors que la tension est très vive entre l'Iran et les États-Unis.

Téhéran a menacé ces derniers jours de fermer le détroit d'Ormuz, par où transite entre un tiers et 40% du trafic pétrolier mondial, en cas de nouvelles sanctions internationales contre son programme nucléaire controversé, un geste qui exposerait la République islamique à une réaction militaire de Washington.

M. Obama a par ailleurs indiqué avoir promulgué la loi de financement du Pentagone malgré de «fortes réserves sur certains articles qui réglementent la détention, l'interrogation et les poursuites de suspects de terrorisme».

Le texte impose que les suspects affiliés à Al-Qaïda, qui complotent ou conduisent des attentats contre les États-Unis, soient déférés devant la justice militaire et non de droit commun. Le président des États-Unis dispose toutefois de la possibilité de déroger à cette disposition.

Cette mesure ne concerne pas les citoyens américains, mais laisse à la Cour Suprême ou aux futurs présidents le soin de décider si les Américains qui ont eu des activités liées à Al-Qaïda peuvent être détenus indéfiniment sans procès ou non.

Les dispositions sur les suspects avaient été critiquées par l'administration de M. Obama. Mais elle avait finalement levé sa menace d'opposer un veto à la loi budgétaire, disant se satisfaire de modifications sur l'encadrement des suspects de terrorisme.

Samedi, M. Obama a indiqué avoir signé cette loi parce qu'elle était nécessaire au financement des opérations militaires à l'étranger, vitales pour la sécurité nationale.

Mais il a aussi prévenu qu'il chercherait à l'appliquer d'une façon qui maintiendrait au mieux «la flexibilité dont dépend notre sécurité, et préserverait les valeurs sur lesquelles notre pays a été fondé».

Le président, dans un communiqué, a également souhaité «dire clairement que mon administration n'autorisera pas la détention indéfinie de ressortissants américains sans procès», affirmant «penser que faire ainsi constituerait une rupture avec nos valeurs et traditions les plus importantes».

La loi va aussi rendre encore plus difficile de fermer la prison militaire américaine de Guantanamo (Cuba) qui accueille depuis bientôt dix ans les suspects de la «guerre contre le terrorisme» lancée par le prédécesseur de M. Obama, le républicain George W. Bush.

Elle prolonge en effet l'interdiction d'utiliser des fonds du Pentagone pour construire des équipements destinés à accueillir des détenus de Guantanamo sur le sol américain.

Le texte prohibe en outre l'usage d'argent public pour transférer des détenus de Guantanamo sur le sol américain, pour forcer l'administration à les juger devant des tribunaux militaires plutôt que civils.