Le président Barack Obama a promis lundi que les États-Unis resteraient un «partenaire solide et fiable» de l'Irak après le départ des derniers soldats américains d'ici la fin du mois, mettant en garde des «pays tiers» contre toute ingérence, une allusion transparente à l'Iran.

«Dans les jours à venir, les derniers soldats américains vont quitter l'Irak, avec honneur et la tête haute. Après presque neuf ans, notre guerre en Irak prend fin ce mois-ci», a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse commune avec le premier ministre irakien Nouri al-Maliki qu'il venait de recevoir dans le Bureau Ovale.

Espérant un «nouveau chapitre» dans les relations entre les deux pays, le président a promis «qu'au moment où l'Irak fait face à son avenir, les Irakiens doivent savoir qu'ils ne sont pas seuls. Vous avez avec les États-Unis un partenaire solide et fiable».

Sans nommer l'Iran, voisin de l'Irak lui aussi majoritairement peuplé de musulmans chiites, M. Obama a aussi mis en garde des «pays tiers» contre toute ingérence et prévenu que «la souveraineté de l'Irak doit être respectée».

«L'Irak mène une politique étrangère qui n'intervient pas dans les affaires des autres et n'autorise pas les autres à intervenir dans ses propres affaires», a assuré pour sa part M. Maliki, qui a salué le succès de la coopération américano-irakienne en matière sécuritaire.

«Personne n'imaginait que nous réussirions à vaincre le terrorisme et Al-Qaïda», a-t-il remarqué, en souhaitant que cette coopération se poursuive.

«Nous espérons que les entreprises américaines joueront un rôle très important pour mettre en valeur nos richesses, que ce soit le pétrole ou d'autres secteurs», a-t-il également souligné, peu avant que ne soit annoncé un accord de principe pour la vente de 18 nouveaux avions de chasse F-16 américains à Bagdad.

M. Obama, qui s'était opposé avec force à la guerre en Irak lors de son déclenchement par l'administration de son prédécesseur républicain George W. Bush en mars 2003, a estimé lundi que «l'Histoire jugera la décision originelle de partir en guerre en Irak» dont il a dû gérer les conséquences, en particulier pour les finances publiques.

«Mais ce qui est absolument évident, c'est que grâce aux sacrifices énormes des soldats et civils américains, ainsi qu'au courage des Irakiens, nous sommes parvenus à un Irak qui se gouverne tout seul (...) et qui a un potentiel énorme», a-t-il ajouté.

M. Obama a affirmé que la rencontre de lundi était destinée à «honorer les sacrifices de tous ceux qui ont fait en sorte que ce jour soit possible, et à tourner la page», peu avant de se rendre avec M. Maliki au cimetière national d'Arlington.

Les deux dirigeants s'y sont recueillis en hommage aux près de 4500 soldats américains tués en Irak depuis le début d'une guerre qui a coûté la vie à plus de 100 000 civils et quelque 20 000 soldats irakiens.

L'invasion de mars 2003 a renversé le régime de Saddam Hussein, soupçonné d'entretenir un arsenal «d'armes de destruction massive» qui n'ont jamais été retrouvées. L'ancien dictateur a été exécuté en décembre 2006.

Il ne reste actuellement que 6000 militaires et employés du ministère de la Défense américain en Irak, contre 170 000 soldats en 2007 et 2008. Ils doivent passer la main d'ici au 31 décembre à quelque 900 000 membres des forces de sécurité irakiennes.

Les États-Unis laissent 157 militaires et 763 contractuels civils qui formeront les forces irakiennes sous l'égide de leur ambassade à Bagdad, dans un pays qui reste en proie à la violence.

Le sénateur républicain John McCain a accusé lundi MM. Obama et Maliki de ne pas être parvenus à s'entendre sur une présence militaire américaine en Irak après 2011. «Tous deux n'ont pas été à la hauteur de leur responsabilité pour les intérêts que nous partageons en matière de sécurité», a-t-il regretté.

Pendant la visite de M. Maliki, plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant la Maison Blanche pour réclamer la protection du camp d'Achraf, au nord de Bagdad. Le gouvernement irakien souhaite fermer d'ici à la fin de l'année ce camp abritant 3.400 réfugiés iraniens hostiles au régime de Téhéran et contrôlé par les Moujahidine du peuple, une organisation qualifiée de terroriste par les États-Unis.