L'homme arrêté ce week-end à New York pour avoir fabriqué trois bombes artisanales représentait-il un vrai danger? Son avocat a dénoncé un dossier peu solide et le New York Times a affirmé lundi que le FBI avait refusé de s'en saisir.

Alors que les affaires de terrorisme sont généralement traitées par les autorités fédérales, «le FBI a refusé d'être impliqué, en raison d'interrogations qu'il avait par rapport à ce dossier», a affirmé le quotidien, sans autre précision.

L'avocat du suspect José Pimentel, Joseph Zablocki, a également affirmé que le dossier n'était «pas du tout aussi solide que les gens pensent. Pimentel est très actif sur l'internet. Ce n'est pas une façon de préparer un attentat terroriste», a-t-il déclaré.

Lors d'une conférence de presse convoquée dimanche soir à la hâte avec le patron de la police Ray Kelly, le maire de New York, Michael Bloomberg, a  affirmé que ce «sympathisant d'Al-Qaïda» converti à l'islam il y a deux ans «prévoyait d'utiliser des bombes contre des voitures de police, des bureaux de poste et des militaires revenant de l'étranger».

C'était un «loup solitaire», «inspiré par la propagande d'Al-Qaïda», mais il «ne faisait pas partie d'un complot plus vaste d'origine étrangère», a ajouté le maire, tout en affirmant que cet amateur de lecture sur le djihad «aurait pu faire de nombreux morts».

Pimentel, 27 ans, chômeur d'origine dominicaine, était surveillé depuis mai 2009 par la police.

Ses voisins ont décrit un homme divorcé, solitaire et désargenté, qui vivait chez un oncle de 62 ans, fumait parfois de la marijuana et ne semblait pas particulièrement religieux.

Il a été formellement inculpé dimanche soir, notamment de complot et possession d'arme à des fins terroristes, et incarcéré sans possibilité de libération sous caution. Il risque jusqu'à 25 ans de prison.

Lors de sa comparution, en tee-shirt noir et mal rasé, le procureur adjoint Brian Fields a affirmé que Pimentel avait dit lui-même qu'il ne lui fallait plus qu'une heure pour que ses engins explosifs artisanaux soient opérationnels, ce qui a conduit à son arrestation samedi.

Mais avait-il un plan précis? Ray Kelly a précisé que Pimentel voulait tester ses bombes en faisant exploser des boîtes aux lettres.

Souvent critique des autorités fédérales en matière de lutte antiterroriste, M. Kelly a expliqué qu'il avait préféré agir rapidement «pour ne pas laisser sortir (Pimentel) avec sa bombe».

Mais il a précisé que les autorités fédérales avaient été informées.

Selon Ray Kelly, Pimentel animait depuis un an le site internet «trueislam1», et était un partisan de l'imam radical américano-yéménite Anwar al-Aulaqi, tué le 30 septembre au Yémen. Cette mort avait dynamisé son projet.

Connu également sous le nom de Mohammad Yusuf, il avait parlé d'aller il y a quelques années au Yémen et avait cherché à joindre par courriel Anwar al-Aulaqi.

Mais il n'avait jamais quitté l'État de New York et n'avait eu aucune réponse à son courrier électronique.

Filmé et enregistré par un informateur, il avait acheté il y a quelques semaines des tuyaux coudés, un réveil, une guirlande de Noël, des allumettes, des piles et des clous et suivi à la lettre un document «comment faire une bombe dans la cuisine de votre mère» pour fabriquer ses bombes.

M. Bloomberg a souligné que ce complot était le 14e déjoué à New York depuis le 11-Septembre. Et il a rappelé que quelque 1000 policiers sur les 35 000 de la ville étaient chaque jour affectés à la lutte antiterroriste.