Le scrutin de novembre 2012 s'annonce comme le plus cher de l'histoire des États-Unis, avec l'assouplissement des règles de financement électoral qui pourrait profiter aux adversaires républicains du président Barack Obama.

À un an de la consultation du 6 novembre 2012, le Center for responsive politics s'attend à ce que quelque six milliards de dollars soient consacrés par les différents candidats aux élections présidentielle et législative. À titre de comparaison, la présidentielle de 2008 avait coûté un milliard de dollars, ce qui était déjà un record.

En cause, une décision prise par la Cour suprême en janvier 2010: au grand dam de M. Obama, celle-ci a assoupli les règles de participation des particuliers, des entreprises et des syndicats aux frais de campagne des candidats.

Pratiquement, plus aucune limite ne s'impose aux fonds privés que ces derniers sont en droit de recevoir.

Précédemment, les particuliers et les entreprises étaient contraints par la loi à respecter un plafond de 2500 dollars de dons à un candidat lors d'une élection primaire et autant lors du scrutin général.

Depuis la décision de la Cour suprême, de nouveaux groupements d'intérêts privés surnommés «Super PACS» (pour «super comités d'action politique») peuvent lever des fonds de manière illimitée, pour les redistribuer au candidat de leur choix. Certains dons peuvent s'élever à plusieurs millions de dollars.

À la différence d'un don fait directement à un candidat, un donateur qui finance un «Super PAC» peut rester anonyme, ce qui a toutes les chances de bénéficier aux candidats républicains, alliés traditionnels des grandes entreprises.

Ces structures de financement politique «vont avoir une incidence considérable dans la course à la présidentielle», prévoit le politologue Anthony Corrado, du Colby College de Waterville, dans l'État du Maine.

Ces intermédiaires discrets et puissants se multiplient à toute vitesse, à l'instar de «Crossroads GPS», un «Super PAC» dirigé par Karl Rove, ancien conseiller politique du président George W. Bush. L'an dernier, ce groupe a versé des millions de dollars à des candidats républicains pour les élections législatives de mi-mandat. À en croire plusieurs observateurs, ces aides ont eu un impact décisif sur les résultats finaux dans de nombreux États.

«Crossroads GPS» envisage à présent de passer à la vitesse supérieure en prévision de l'échéance présidentielle.

Et il ne sera pas le seul. «Restore Our Prosperity», un autre de ces groupements extra politiques, apporte son soutien au millionnaire Mitt Romney, l'un des huit candidats à l'investiture républicaine et favori des sondages à droite.

Barack Obama pourra lui aussi compter sur un groupe appelé «Priorities USA Action». Pas sûr que cela lui permette de jouer à armes égales cependant. En 2008, son succès s'était construit sur les petits dons de particuliers, qui souvent ne dépassaient pas cinq dollars.

Pour lutter, Obama pourra compter sur le soutien indéfectible des milieux intellectuels - notamment à Hollywood (Californie).

Lors d'un dîner de gala organisé la semaine dernière à Los Angeles, les invités de marque ont payé jusqu'à 35 800 dollars pour avoir la chance de rencontrer l'actuel président.