Au Texas, Rick Perry, candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2012, a supervisé plus d'exécutions que n'importe quel gouverneur américain, un bilan dont il s'enorgueillit alors qu'il est attendu sur le dossier controversé de Hank Skinner.

Avec 476 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976, dont 237 sous la seule gouvernance de M. Perry, le Texas détient le record absolu des exécutions aux États-Unis, selon le Centre d'information sur la peine de mort (DIPC).

Si la peine capitale ne semble pas être «un enjeu électoral» aux États-Unis, selon Richard Dieter, directeur du DIPC, le gouverneur Perry, qui a succédé à ce poste à l'ex-président George W. Bush, s'en sert comme tribune politique.

Comme on lui demandait lors d'une réunion en septembre à Los Angeles si l'éventualité d'avoir laissé exécuter un innocent l'avait «empêché de dormir», M. Perry avait rétorqué: «Non, monsieur, je n'ai jamais eu de problème avec ça». «Si vous venez dans notre État et que vous tuez l'un de nos enfants, que vous tuez un policier, que vous êtes impliqué dans un autre crime et que vous tuez l'un de nos citoyens, vous serez confronté à la justice ultime du Texas, c'est-à-dire que vous serez exécuté», avait justifié le candidat ultraconservateur, sous les applaudissements.

Au cours de ses onze ans de gouvernance, James Richard Perry, que le New York Times a baptisé «le nouveau JR» en référence à la série télévisée «Dallas», n'a accordé sa grâce qu'une fois, en 2007, trois heures avant l'exécution d'un condamné qui n'avait pas commis de crime, mais s'était contenté de convoyer un meurtrier.

«Il ne fait pas d'insomnies», pourtant «nous avons vu de nombreux cas de gens qui ont été innocentés dans le couloir de la mort», souligne Kristin Houlé, directrice de la Coalition du Texas pour l'abolition de la peine de mort (TCADP). Selon cette organisation, cinq des douze condamnés à mort ainsi disculpés au Texas «l'ont été pendant les 11 ans» de gouvernance de M. Perry.

Le gouverneur a été très critiqué pour avoir laissé exécuter Cameron Willingham en 2004 pour le meurtre de ses trois enfants dans un incendie dont des scientifiques ont mis en doute le caractère criminel.

Cette fois, le candidat Perry se trouve confronté au dossier de Hank Skinner, marié à une Française, dont l'exécution est programmée le 9 novembre pour un triple meurtre que le condamné nie avoir commis. Une vingtaine d'anciens et actuels magistrats et élus l'ont «exhorté» à accorder les tests ADN que Hank Skinner réclame.

«Exécuter M. Skinner sans tester tous les éléments matériels pertinents sous-entendrait une indifférence officielle au risque d'erreur dans ce dossier», estiment les signataires d'une lettre commune, citant la libération récente au Texas d'un prisonnier innocenté grâce à des tests ADN après 25 ans d'emprisonnement.

Pour l'avocat Rob Owen, directeur du Centre sur la peine de mort de la Faculté de droit du Texas, «l'affaire Hank Skinner est très politique et peut générer le même scandale public que pour Troy Davis», exécuté en septembre en Géorgie malgré une mobilisation internationale.

«Il est tout à fait possible qu'elle (...) devienne une controverse nationale du fait que notre gouverneur est candidat à l'élection présidentielle», dit-il.

Si, comme partout aux États-Unis, le nombre d'exécutions recule au Texas, «il ne fait aucun doute que Perry est un ardent partisan de la peine de mort», estime Steve Hall, de l'organisation abolitionniste texane Standdown. Il l'utilise comme «un jouet politique» auprès de l'électorat républicain, chez qui la «peine capitale est très populaire», dénonce-t-il.